En dépit d'un parc automobile plus important dans le pays par rapport au Maroc et à la Tunisie, ainsi qu'une forte croissance des ventes, la stratégie des constructeurs français confrontés à une vive concurrence des modèles asiatiques n'est pas d'investir dans la réalisation d'usines d'assemblage en Algérie. aL'Algérie est un marché dynamique, en particulier du point de vue des ventes de véhicules neufs. Il subsiste toutefois des difficultés pour attirer les IDE malgré une reprise notable depuis l'année 2000. Il faut noter la spécificité du segment des poids lourds, seul secteur à disposer d'une production locale, et qui fait l'objet d'un regain d'intérêt croissant de la part du groupe Renault trucks. Si le pays dispose d'atouts importants tels que le coût de la main-d'œuvre et l'ouverture en faveur d'une économie de marché, il pâtit cependant d'un certain nombre de faiblesses comme le niveau de qualification du personnel local et le manque de développement du tissu industriel, en particulier au niveau des fournisseurs et des équipementiers automobile. Le marché de l'automobile en Algérie est en voie de (re)construction et de structuration, après les difficultés rencontrées par le pays au cours de la décennie écoulée. Pour autant, des trois pays de la zone considérée, l'Algérie est celui qui possède le plus important parc automobile, avec plus de 3 millions de véhicules immatriculés sur le territoire algérien au 31 décembre 2004. L'âge moyen du parc est cependant élevé, 55% des véhicules ayant plus de 20 ans, et 80% plus de 10 ans. Le taux de motorisation de l'Algérie est de 71 véhicules (utilitaires ou particuliers) pour 1 000 habitants. S'agissant des modèles présents, les industriels français sont majoritaires ; Peugeot et Renault représentant la moitié des véhicules roulants (900 000 véhicules de marque Peugeot et plus de 600 000 de marque Renault). L'ensemble des autres constructeurs se situe en dessous de la barre des 200 000 véhicules présents sur le sol algérien. Ces dernières années, le marché de l'automobile a cependant vu apparaître un nombre croissant de nouvelles marques, notamment d'origine asiatique qui constituent autant de nouveaux concurrents, particulièrement agressifs sur le segment du prix, pour les industriels français “historiquement” présents en Algérie. Investissements directs étrangers : Faibles dans l'automobile en Algérie Marqués par un mode de développement basé sur l'industrie lourde et la forte présence du secteur public, les investissements directs étrangers (IDE) vers l'Algérie n'ont véritablement commencé à se développer qu'à partir de 1995. En 2005, l'Algérie a reçu plus de 2,2 milliards de dollars US contre près de 1 milliard de dollars US d'IDE en 2002. Ceux-ci sont principalement concentrés dans le domaine des hydrocarbures qui demeure le principal générateur de revenus pour l'économie locale (43% du PIB). Le secteur de l'automobile a cependant bénéficié d'un nombre croissant d'investissements au cours des dernières années. En 2005, à en croire des statistiques, notre pays a importé au titre de l'année écoulée un peu plus de 251 000 véhicules, soit une hausse d'environ 29% par rapport à 2004. Des statistiques qui ne font, au demeurant, que confirmer que le boom du marché des véhicules a bien eu lieu en Algérie. L'année 2004 a été caractérisée par des ventes en forte hausse : toutes marques confondues, le volume des ventes a ainsi dépassé les 120 000 unités, soit une progression de 66% par rapport à 2003. Ce résultat s'explique avant tout par la mutation en cours en Algérie. “Soutenue par l'arrivée d'un nouveau ministre des Finances, favorable aux réformes et à une libéralisation accrue de l'économie, la modernisation du pays tend à s'accélérer, avec un regain d'intérêt pour le pays de la part d'entrepreneurs internationaux. C'est notamment le cas dans l'industrie automobile où l'on note, depuis quelques années, une augmentation du nombre de constructeurs, distributeurs, importateurs et réparateurs. Les agents se multiplient, les réseaux se renforcent et la demande s'accroit”, observe l'analyste. L'impulsion provoquée par le lancement du crédit automobile initié auparavant par la Cnep Banque semble avoir été le déclencheur de la consommation de masse en termes d'achat de véhicules neufs. Au niveau de l'offre, malgré la présence d'une trentaine de marques différentes, le marché est relativement concentré puisque 70% des ventes locales sont aujourd'hui assurées par quatre groupes : Renault, Peugeot, Toyota et Hyundai. Du point de vue de la demande, le prix demeure, à côté de facteurs plus qualitatifs, une composante essentielle dans les décisions d'achat automobile. Ce qui peut, à terme, poser problème pour les constructeurs français “historiques” confrontés à la concurrence croissante des fournisseurs asiatiques qui cherchent désormais à commercialiser des véhicules à moins de 5 000 euros dans la gamme Clio ou 206. Dans cette optique, les ventes de monospaces et de routières restent marginales, seuls les utilitaires et les pick-up rivalisent avec les petits modèles. Les constructeurs asiatiques ont investi le Maghreb dès la fin des années quatre-vingt-dix avec des marques comme Hyundai, Daewoo ou Kia. Fondant leur stratégie de conquête du marché sur des prix particulièrement attractifs, les industriels asiatiques se sont surtout spécialisés dans la production de véhicules de gamme moyenne ou de petit gabarit, à l'exemple de la Maruti 800 dont le prix d'entrée avoisinant les 4 500 euros permet au groupe indien de détenir aujourd'hui un peu plus de 4% du marché total. Plus globalement, la soudaine progression très sensible des ventes en Algérie au cours des douze derniers mois trouve son origine dans l'émergence rapide d'une nouvelle classe sociale, bénéficiant de revenus en forte croissance facilités par les niveaux du prix des hydrocarbures, permettant ainsi l'acquisition de véhicules neufs. Parallèlement à ce mouvement, le marché a surtout été soutenu par la récente apparition et le développement du crédit à la consommation, favorisant ainsi l'accroissement des ventes. Badreddine Khris (*) C'est l'une des conclusions d'une étude sur le marché maghrébin conçue par des spécialistes français.