Au total, 26 personnes sont concernées par le procès. Elles sont soupçonnées d'avoir préparé en 2001-2002 des attentats, particulièrement en France. Le dossier est connu sous le nom des “filières tchétchènes”. Les protagonistes, des islamistes qui disent vouloir lutter pour cette République du Caucase, à laquelle Moscou refuse son indépendance au prix d'une impitoyable répression. Lors du démantèlement de leur groupe à Paris et dans sa région, les autorités françaises avaient fait un grand tapage. Elles disaient avoir déjoué un attentat chimique. Alors que les terroristes retrouvent la liberté en Algérie où ils sont amnistiés de leurs crimes, ailleurs la justice continue de se faire. D'anciens membres du GIA, notamment ont commencé à comparaître, hier, devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Au total, 26 personnes sont concernées par le procès. Elles sont soupçonnées d'avoir préparé en 2001-2002 des attentats notamment en France. Le tribunal, présidé par Jacqueline Rebeyrotte, consacrera plus d'un mois à ce dossier qui a fait l'objet d'une des instructions antiterroristes les plus importantes en France ces dix dernières années. “Le groupe était en passe de réaliser une campagne d'attentats en France”, selon une source proche du dossier qui ne précise cependant pas l'état d'avancement des préparatifs de ces attentats. Parmi les 26 prévenus dont 15 détenus comparaîtront, on trouve d'ex-membres du maquis de Chlef, des djihadistes internationaux proches d'Al-Qaïda et de petites mains recrutées dans les banlieues françaises. Le dossier instruit par les juges Jean-Louis Bruguière, Jean-François Ricard et Philippe Coirre, avait été ouvert le 13 novembre 2002 dans le prolongement de l'enquête sur le “groupe de Francfort” qui avait préparé un attentat contre le marché de Noël de Strasbourg, dans l'est de la France, en décembre 2000. Cette nouvelle enquête visait des individus soupçonnés de s'être entraînés en Géorgie en vue de combattre en Tchétchénie, avant de retourner en France préparer des attentats. Or, si certains d'entre eux se sont bien rendus dans des camps des gorges du Pankissi (Géorgie) pour se former, aucun n'est allé en Tchétchénie. En décembre 2002, les huit premiers suspects, sous surveillance de la DST (contre-espionnage) depuis plusieurs mois, avaient été arrêtés à La Courneuve et à Romainville, en banlieue de Paris. L'un d'entre eux, Merouane Ben Ahmed, artificier et ex-membre du GIA, aurait été en relation avec l'Algérien Rabah Kadri, alias “Toufik”, bras droit d'Abou Doha, chef des réseaux d'Oussama Ben Laden en Europe, arrêté à Londres en mars 2001. Un autre, Menad Benchellali, aurait mené en 2002 dans l'appartement de ses parents à Vénissieux, près de Lyon, des expérimentations chimiques en vue d'un éventuel attentat. Un neuvième suspect, Nourredine Merabet, a été arrêté à la frontière entre la France et l'Espagne où une demi-douzaine de membres présumés du même réseau ont été également interpellés. Lors des perquisitions, ont été trouvés des systèmes de mise à feu à distance, une liste de produits chimiques et des produits pouvant servir à la fabrication de circuits imprimés. Le 3 janvier 2004, sept autres suspects, dont le père, la mère et un frère de Menad Benchellali, étaient arrêtés à Vénissieux. En juin 2004, Saïd Arif, ex-lieutenant de l'armée algérienne et considéré comme un spécialiste des produits toxiques, était extradé de Syrie. Cet Oranais né en 1965 aurait fréquenté les membres du “groupe de Francfort” et plusieurs membres des “filières tchétchènes”, initiant avec eux l'idée d'attentats notamment en France, selon une source proche du dossier. C'est en Algérie que ce suspect aurait dû être extradé. Mais la justice algérienne ne semble pas le rechercher. Selon plusieurs déclarations des mis en cause, le groupe aurait envisagé de frapper des intérêts russes en France pour venger l'élimination d'un commando tchétchène à Moscou en octobre 2002. D'autres déclarations évoquent des cibles différentes : un magasin au forum des Halles à Paris, la Tour Eiffel, des commissariats de police. Le réquisitoire et les plaidoiries sont prévus à partir du 2 mai et ce, jusqu'au 12. Y. K.