Quelque 500 manifestants de l'opposition bélarusse, contestant la réélection du président Alexandre Loukachenko, ont passé leur première nuit dans un “petit village de tentes” érigé au cœur de la capitale Minsk, selon un scénario rappelant les débuts de la Révolution orange ukrainienne. Le candidat de l'opposition à la présidentielle, Alexandre Milinkevitch, compte sur une pression internationale, de la part des Etats-Unis et de l'Europe notamment, pour faire tomber Loukachenko dont le succès n'est pas dû qu'à son pouvoir totalitaire. C'est un ancien apparatchik qui a su conserver une relative popularité dans les campagnes où sa politique sociale n'est pas aussi catastrophique que celle subie par les urbains, qui, eux, exigent des libertés et la démocratie. Milinkevitch, candidat des “Forces démocratiques unifiées”, contestant les 82% de voix que s'est attribué Loukachenko pour se succéder à lui-même, réclame de nouvelles élections et espère lancer un mouvement de protestation pacifique sur le modèle de la Révolution orange qui, lors de la présidentielle fin 2004 en Ukraine, avait conduit à l'annulation du scrutin et à la victoire du candidat pro-occidental Viktor Louchtchenko. Le mouvement se veut similaire dans la forme et le fond. Il est animé par des jeunes formés par des Ong américaines. Celles-là mêmes qui ont opéré dans ces pays de l'ex-Union soviétique qui ont déjà rompu le cordon ombilical avec Moscou. L'initiative de Milinkevitch est fortement soutenue par Washington et Bruxelles, qui n'ont pas reconnu la présidentielle, la jugeant non conforme aux normes internationales. Seul Moscou a félicité ce dernier. La Révolution bleu du Bélarusse n'est, cependant, pas créditée de succès, du moins pour l'immédiat. Les Bélarusses ne sont pas dans la misère totale et ses élites démocratiques demeurent encore à leur stade de gestation. La première manifestation contre Louchtchenko avait réuni plus de dix mille personnes à la clôture du vote, dimanche soir. Ils n'étaient plus que quatre mille environ lundi après- midi, sur cette place proche de l'administration présidentielle, où s'est dressé le village de toiles et 500 seulement y ont passé la nuit. Le village n'est composé que d'une dizaine de tentes, encore loin de ressembler au village de toiles, qui avait envahi le centre de Kiev au moment de sa Révolution orange. Le président bélarusse avait ramassé la plupart de ses opposants, la veille du scrutin. Certains parmi les plus durs sont menacés de poursuites pour terrorisme ! D. Bouatta