Zapatero, qui a fait preuve dès le début de son mandat d'un optimisme à tout crin sur la question basque, a le triomphe particulièrement modeste. Le processus de réconciliation accepté par l'ETA sera long et difficile. Le Chef du gouvernement espagnol sait que tout reste à faire, négocier notamment, avec les indépendantistes basques sur le regroupement, voire la libération, des 700 détenus de l'ETA ainsi que sur le désarmement de l'organisation. En parallèle, les partis du pays basque négocieront leur futur cadre politique, qui devra être scellé par référendum. Il s'agira de la troisième tentative d'ouvrir un processus de paix au pays basque depuis l'échec des négociations entre l'Etat et le gouvernement espagnol en 1989 et en 1999. Il est attendu de ce processus de paix, “long et difficile”, de l'aveu de toutes les parties, la fin de 38 années de violences terroristes en Espagne, dès lors que les nationalistes radicaux basques, y compris leur bras armé (ETA), ont décidé de parvenir à l'autodétermination par des moyens politiques. Après l'annonce historique d'un “cessez-le-feu permanent” de l'organisation séparatiste basque, responsable de la mort de plus de 800 personnes depuis 1968, classe politique et opinion publique espagnoles restent prudents, d'autant que la réconciliation a déjà capoté par deux fois. Cependant, pour la radiotélévision publique basque (ETB), cette fois-ci, le dialogue serait bien parti car, il a été préparé durant de longs mois entre Zapatero et l'ETA, dans plusieurs pays européens dont la Suisse et la Norvège, et que l'organisation armée avait pris sa décision de cessez-le-feu depuis janvier 2006. L'ETA, qui n'a pas commis d'attentat meurtrier depuis 2003, devait appeler dès la fin de la semaine dernière tous les secteurs de la société basque à s'impliquer dans le processus de paix dont le premier pas, le cessez-le-feu, est entré en vigueur vendredi. L'ETA plaide en faveur d'une solution politique négociée, qui sera soumise à référendum pour concrétiser le droit des Basques à décider de leur avenir. Mais il demeure une inconnue : le calendrier du processus de paix. Prudent, Zapatero a affirmé qu'il prendrait son temps. Il lancera mardi des consultations avec les partis politiques avant d'activer une feuille de route approuvée en mai 2005 par le Parlement espagnol et autorisant son gouvernement à ouvrir un dialogue avec l'ETA, si elle montrait sa volonté d'abandonner les armes. Autre inconnue, le sort du dirigeant du parti interdit Batasuna, bras politique de l'ETA, Arnaldo Otegi, jugé comme instigateur d'actes terroristes. Enfin, autre casse-tête pour Zapatero, la position de son opposition de droite, qui l'accuse de “balkaniser” l'Espagne. La Catalogne, qui bruit d'autonomie, semble ne pas se satisfaire du projet proposé par Madrid qui, pourtant, fait des Catalans une “nation”. D. Bouatta