Le chef du gouvernement espagnol, Rodriguez Zapatero, a annoncé au Pays basque qu'il lancera, en juin, le processus de dialogue direct avec l'Eta (Organisation armée indépendantiste du Pays Basque) pour mettre fin à près de quarante ans de violences terroristes qui ont tué plus de 800 personnes. Il devra d'abord se concerter avec les partis politiques espagnols avant d'informer le Parlement du lancement du dialogue entre son gouvernement et l'Eta, qui a milité pour l'indépendance du Pays Basque par des moyens terroristes. Ce dialogue commencerait immédiatement après son annonce au Parlement, au cours de l'été. La question étant extrêmement sensible, le gouvernement espagnol a déjà fait savoir qu'il comptait entourer d'une grande discrétion ses contacts avec la direction de l'Eta. Zapatero a fait son annonce à Baracaldo dans le nord du Pays Basque lors d'un meeting de son parti, le Parti socialiste. Deux mois après l'annonce, le 22 mars, par l'Eta d'un “cessez-le-feu permanent”, qui a ouvert des espoirs de paix dans cette région et partout ailleurs sur le reste du territoire espagnol. Zapatero devait faire voter en mai 2005 au Parlement une résolution l'autorisant à dialoguer avec l'Eta si celle-ci manifestait sa ferme volonté de mettre un terme définitif à l'option armée. Ensuite, il s'est donné le temps de vérifier l'application intégrale du cessez-le-feu annoncé par l'Eta. Le gouvernement espagnol a reçu depuis le 22 mars trois rapports des services de sécurité espagnols sur l'activité de l'Eta, dont il s'est déclaré raisonnablement satisfait. Zapatero, qui joue là une partie très serrée, a appelé à l'indispensable concours de toutes les forces politiques, prévoyant au moins trois ou quatre ans pour le dialogue qu'il entend cantonner au sort des prisonniers de l'Eta et à son désarmement. Le chef du gouvernement espagnol a également fait part de son intention de proposer l'introduction dans le préambule de la Constitution espagnole d'une mention à la mémoire des victimes du terrorisme dont les collectifs proches de l'opposition conservatrice font partie des secteurs les plus rétifs au processus de paix. Zapatero déclare ne vouloir payer aucun prix politique à la paix. Il a l'appui des nationalistes basques non violents qui le pressent d'engager au plus vite la négociation sur l'avenir institutionnel du Pays Basque. Les radicaux de l'Eta savent qu'ils sont le dos au mur. D. Bouatta