L'opération des concessions agricoles lancée à Batna semble se heurter à des problèmes quant à sa matérialisation sur le terrain. L'exemple de la commune Boumia est édifiant. Le périmètre agricole par concession de Selmounia, de la commune de Boumia (Batna), dont les travaux de mise en valeur ont été engagés en 2002 et réalisés à 90%, continue à être un sujet de brouille et de mésentente. Les concessionnaires du périmètre ont saisi, à travers plusieurs correspondances, les autorités compétentes de la wilaya, leur demandant de dépêcher une commission pour s'enquérir de la situation qui risque de faire capoter tous les efforts et moyens financiers injectés jusque-là dans le projet qui devrait absorber le chômage et faire décoller le secteur de l'agriculture dans la région. Le périmètre agricole par concession, rappelons-le, n'est pas entièrement achevé bien que tous les plants d'oliviers sont prêts depuis plus d'un an et que les forages ont été réalisés, équipés et raccordés à l'électricité. Selon le P/APC de Boumia, ces attributaires se plaignent d'être lésés et dénoncent certaines opérations quant à la mise en valeur du périmètre agricole dont ils disent qu'elles seraient entachées d'irrégularités. D'abord, ils remettent en cause le labourage du périmètre qu'ils ne trouvent pas profond. Ensuite, ils considèrent que l'enlèvement des pierres n'a pas été effectué d'une manière conforme. Un technicien de l'agriculture, consulté à ce sujet, nous a souligné que l'opération s'était déroulée dans les normes. Il est à signaler que les cinq hectares agricoles attribués par concession à chaque bénéficiaire, au nombre de trente-six, sont répartis de la façon suivante : trois hectares destinés à la plantation d'oliviers et les deux autres aux cultures maraîchères, qui exigent une mise en valeur correspondante et un financement onéreux que les concessionnaires n'ont pas. Ensuite, les mêmes concessionnaires évoquent un autre problème concernant le forage ; ils prétendent qu'il n'est pas assez profond. Ils mentionnent également le retard dans la pose et la mise en service qui est confiée à un certain privé. Leurs récriminations sont-elles vraies ou fausses ? Seule une enquête d'experts le déterminera. Un autre problème qui grippe la machine est le litige autour d'un lot de terrain opposant certains héritiers. Le rapport de la commission de l'APW chargée du dossier des trente-quatre périmètres agricoles par concession, présenté lors de sa quatrième session, le souligne. Ce terrain privé représente 5% du périmètre agricole par concession de Selmounia qui couvre une superficie de cent soixante-seize hectares, constitués de 83% au service public et 17% au secteur privé. Le différend est sérieux et son règlement à l'amiable entre les héritiers du lopin de terre semble écarté. Devant ce fait, le chef de daïra parle sur un ton tranchant : “Nous avons tout fait pour les réconcilier et régler le problème d'une manière définitif. Comme ils ne veulent pas se rapprocher, nous allons les destituer de leur attribution.” Enfin, pour le refus de paiement de la facture de la consommation de l'énergie électrique par les concessionnaires du périmètre aux services de la Sonelgaz, qui est d'un montant de 12 ou 13 millions de centimes, selon l'estimation du président de l'APC de Boumia, certains concessionnaires l'expliquent ainsi : “Comment payer une facture d'électricité que nous n'avons pas consommée ? Nous n'avons pas, jusqu'alors, utilisé les pompes pour irriguer nos plantations !” Comme nous n'avons pas pu prendre attache avec les responsables de la Sonelgaz, un citoyen de Boumia, qui se dit au courant de l'affaire, explique cette facture par les frais des essais effectués pour s'assurer du bon fonctionnement des pompes des deux forages. À noter que chacun des trente-six concessionnaires agricoles doit payer une facture qui s'élève, selon les uns, à mille cinq cents dinars et selon les autres, à trois mille cinq cents dinars. Ce refus de payer la facture des droits de consommation de l'énergie électrique à la Sonelgaz risque de conduire le projet à l'abandon. Une affaire à suivre ! B. Belkacem