Ainsi, l'éligibilité et la sélection des candidats à la mise en valeur des terres par concession sont remises en question. Sur le terrain, les fonds engagés par l'Etat servent à tout sauf au décollage de l'agriculture. Pas moins de 90% des puits, fonctionnant à l'énergie électrique, destinés à l'irrigation de 34 périmètres agricoles sont à l'arrêt faute de paiement des redevances. Du coups, un investissement de trois milliards de DA, en plus de sa sous-utilisation, est menacé de détérioration en l'absence d'une véritable prise en charge par les concessionnaires de leurs engagements. Tels sont les propos des responsables de la Générale des concessions agricoles de Batna (GCA). Si le directeur régional du GCA de la wilaya de Batna juge appréciable le taux de réalisation des périmètres agricoles au niveau de la wilaya, avec une consommation du montant financier de la plupart des périmètres à hauteur de 70%, il appréhende l'avenir parce que des concessionnaires, selon ses dires, ne jouent pas le rôle qui leur est dévolu pour la réussite du projet. Il cite, d'emblée, la mauvaise volonté des concessionnaires qui ne respectent pas les leviers du montage financier. Ce dernier prévoit, en plus des 70% de l'Etat, un concours de leur part de 30%. Cette dérobade, la plupart des fellahs l'expliquent par la pauvreté. Ledit responsable évoque, aussi, le problème des périmètres de Selmounia, de Boumia et d'El-Madher et où les conflits et litiges entre les fellahs constituent une réelle menace contre tous les efforts du décollage. Certains de ces concessionnaires, se prétendant propriétaires terriens, interdisent à leurs collègues de traverser “leurs terres” pour aller s'approvisionner en eau pour irriguer leurs terres. Le cas des concessionnaires “urbains” qui exercent d'autres activités et qui ne s'occupent pas de l'entretien de leurs parcelles de terre les laissant à l'abandon, bien qu'ils disposent de l'eau, de l'électricité… est aussi soulevé. “Je remets en cause le choix des concessionnaires qui n'adhèrent pas aux projets”, déclare clairement notre interlocuteur. Ainsi, l'éligibilité et la sélection des candidats à la mise en valeur des terres par concession sont remises en question. L'instruction n°237 du 21 mai 2000 relative à l'éligibilité et à la sélection des candidats à la mise en valeur des terres par concession qui prévoir la priorité aux jeunes diplômés, quelle que soit la spécialité, ainsi qu'aux personnes possédant des qualifications techniques résidants sur la zone du projet, semble a priori n'avoir pas été respectée Abordant le refus de paiement des factures de la Sonelgaz par des concessionnaires, le directeur régional de la GCA de Batna rappelle la mission assignée à son entreprise. “Notre mission est de gérer pour le compte de l'Etat, le programme de mise en valeur des terres par la concession dans le secteur agricole”, explique-t-il avant de citer le cahier des charges spécifique. Les articles 13 et 15 stipulent que la responsabilité de l'exploitation du forage, de sa bonne gestion, de son fonctionnement et de sa surveillance incombent aux concessionnaires. Ainsi, la relance de la dynamique et la réussite du projet de ces 34 périmètres dépendent de l'adhésion des concessionnaires à ces projets. D'une superficie totale de 15 242 hectares, dont une partie destinée à l'extension de la superficie agricole utile et à la réhabilitation des vergers existants, le projet avait tout pour aboutir. Déjà, le périmètre de Bourtam de Barika, d'une superficie de 200 hectares avec engagement de plus 8 milliards de centimes, est à l'arrêt pour manque de concessionnaires qualifiés. Les périmètres de Tafrent, de la commune de Tighanimine, d'une superficie de 350 hectares, d'un montant financier de 70 869 000 DA et de Chenaoura de la commune de T'kout d'une superficie de 250 hectares, d'un montant financier de 54 394 000 DA sont proposés tous les deux à l'annulation pour indisponibilité de la ressource hydrique, absence de concessionnaires et opposition des agriculteurs au transfert des eaux du forage existant en dehors du périmètre. B. Boumaïla