Le mystère d'une importante opération de détournement de près de 12 milliards de centimes au niveau de trois agences postales Aïn Benian, Raïs Hamidou et la Grande Poste vient d'être élucidé par les services de la brigade économique et financière de la surêté de wilaya d'Alger. L'enquête entreprise aura permis, en un temps record — 5 mois —, de situer la responsabilité de 22 personnes organisées en “toile d'araignée” autour du cerveau de l'affaire, qui n'est autre que le chef de service de la comptabilité CNEP exerçant à la poste de Aïn Benian. Au cours d'une conférence de presse, tenue par M. Djilali B., au siège du commissariat central, les officiers de la section économique expliqueront les contours de l'affaire, concentrée à la poste de Aïn Benian. Le receveur de cette dernière ainsi que le chef de service CNEP feront l'objet d'un dépôt de plainte en novembre dernier. Par des subterfuges comptables et de par la position qu'il occupe, le chef de service comptabilité CNEP procède à de faux versements — toutefois dû-ment validés sur les comptes — au niveau de l'agence El-Anassers. Son complice, le receveur de Aïn Benian, lui adresse sur la Grande Poste des virements accélérées, “moyennant une commission”, soulignent les enquêteurs. Bien entendu, ce faux mouvement financier fait l'objet d'un authentique enregistrement informatique et inscription comptable, d'autant que les versements fictifs sont confortés par des cachets valides recueillis à la poste d'El-Annasers. Deux carnets CNEP, avec leur contrepartie administrative interne, en l'occurrence des fiches appropriées, seront également confectionnés à titre d'instruments pour cette manœuvre. Et c'est donc au niveau de la Grande Poste que ce fonctionnaire retire l'argent attendu. Au total, 12 milliards de centimes seront ainsi détournés tout au long de ces 14 mois de manœuvres, lesquelles, aux yeux des enquêteurs spécialisés en finances, “ne pourraient se réaliser sans complicité”. Ils découvriront la logistique comptable de ce fonctionnaire qui tenait, en fait, deux comptabilités, l'une destinée à l'employeur et l'autre, parallèle, orchestrée pour la circonstance. Des mouvements de 100 millions de centimes par jour ont, par ailleurs, été relevés, en l'absence des véritables bénéficiaires, laissant supposer l'existence de prête-noms et surtout de zones d'ombres que seule une complicité avérée permettait d'entretenir, concluent les policiers. Au cours de l'investigation, épluchant les mouvements comptables et remontant les flux, les enquêteurs atterriront à la Grande Poste et découvrirent qu'un inspecteur des postes et télécommunications avait été “mis au courant” et entrepris une enquête, sans résultat. Ce que les policiers ne lâcheront pas et exploitèrent comme piste, d'autant qu'ils étaient convaincus, à la faveur de l'expérience de cet inspecteur, que ce dernier était suffisamment outillé pour aboutir. Il sera donc suspecté à son tour. L'enquête policière révélera que le silence de l'inspecteur-enquêteur a été “acheté par le receveur de Aïn Benian qui lui adressait des virements” conséquents, voire même difficiles à justifier en termes de provenance et surtout à expliquer leurs rythme et lieu de paiement. Accumulant renseignements, preuves comptables et financières, les policiers finiront par remonter cette chaîne et confondre au total 22 personnes. Seize sont sous contrôle judiciaire, 3 mandats de dépôt à l'encontre du receveur de Aïn Benian, un chef de service guichet à la Grande Poste et un commerçant. L'auteur principal, le chef de service CNEP de la poste de Aïn Benian, ainsi que deux autres personnes sont en fuite. A. W.