Le professeur Hartani Dahbia du CHU Mustapha-Pacha, qui est membre de la commission nationale médicale et présidente de la commission nationale d'ophtalmologie, est la référence nationale en matière de greffe de la cornée. Elle pratique depuis 25 ans ce type d'opération en Algérie : “Vous savez, les malades en attente d'une greffe de cornée se comptent par milliers en Algérie, nous n'arrivons plus à les comptabiliser. Dans les années 70, il y avait un vide juridique ; en 1985 la nouvelle loi sanitaire a quelque peu bloqué les possibilités de réaliser ces opérations, il y avait des contraintes.” Notre interlocutrice poursuivra sur la situation actuelle : “Le problème ne vient pas uniquement de l'importation de greffons en soi ; à l'étranger, il y a des demandes de partout pour obtenir des greffons de cornée ; on se retrouve donc avec une pénurie à l'échelle mondiale. Ce qui importe, c'est de savoir ce que l'on peut faire ici en Algérie.” Le professeur Hartani a rappelé que la première opération à partir d'un donneur algérien consentant a eu lieu en décembre 2002 ; depuis, une trentaine de cas ont été pris en charge en Algérie. Mais si les dons de cornée dans notre pays peuvent devenir réalité à plus grande échelle, notre interlocutrice pose un préalable indispensable, à savoir la création d'une banque des yeux. “Vous savez, une banque des yeux est totalement indispensable et elle est indépendante d'une banque de dons d'organes, la cornée étant un tissu à part et c'est ce qui se fait de par le monde. Il y a 6 à 8 ans je m'étais engagée dans le projet de créer en Algérie une banque des yeux pour la conservation des greffons de cornée ; le directeur de la banque des yeux en France était prêt à nous aider à mettre en place cette structure, les équipements étaient prêts, les locaux, le personnel avaient effectué des stages… Mais le projet n'a pas vu le jour malheureusement...” F. B.