Du point de vue doctrinal, il semble avoir opté pour “la relance par la consommation” et apparaît plus “dépensier” que la logique que son ancien ministre des Finances a voulu lui suggérer. Jamais un président de la République ne dispose sans doute de plus de moyens qu'aucun autre Président avant lui : l'économie nationale ne s'est jamais portée aussi bien grâce essentiellement à l'envolée des cours du pétrole. C'est dans ce contexte que le chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, à deux reprises, avait décidé de lancer deux plans pour soutenir la croissance, désavouant ainsi l'ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou, plutôt favorable à une politique “moins de budget, plus de marchés”. Du point de vue doctrinal, il semble avoir opté pour “la relance par la consommation” et apparaît plus “dépensier” que la logique que son ancien ministre des Finances a voulu lui suggérer. Mettre une partie de la rente pétrolière dans l'économie “est un bon principe” pour paraphraser l'économiste Abdelmadjid Bouzidi. Le sous-équipement, les goulots d'étranglement dans le champ des infrastructures justifient ce programme qui devrait combler les retards et anticiper les nouveaux besoins. Le choix essentiel qui consiste à allouer le surcroît de ressources dégagées par l'accroissement des prix des hydrocarbures à des projets d'investissement structurants sert des objectifs de développement à long terme de l'économie et donne un début de réponse aux difficultés sociales, notamment celles liées à un chômage endémique qui touche surtout les populations les plus jeunes. Cependant, ces plans non adossés par une stratégie nationale de développement apparaissent comme une multitude de projets “sans aucune cohérence dans la démarche”, en l'absence d'institutions de pilotage. Les programmes lancés par le président de la République permettent, certes, d'enclencher une dynamique positive en termes de relance de la croissance sur le court terme, mais laissent entièrement posé le problème de toutes les transformations indispensables que notre pays doit s'attacher à mener à bien pour se mettre sur la voie d'une croissance plus saine, plus forte et plus durable. “L'utilisation de la manne pétrolière devrait être consacrée aussi et surtout à financer la politique structurelle sérieuse qui dégage l'économie algérienne de sa dépendance au pétrole”, explique Abdelmadjid Bouzidi. Partenariat industriel, partenariat technologique, assistance au développement de l'économie de la connaissance, c'est cela les demandes pressantes de l'Algérie, et non pas uniquement la construction de logements, la réalisation de grandes infrastructures routières et de transport. Dans ce contexte, il y a lieu de poser, comme l'a déjà fait, M. Hocine Benissad, économiste, la question de “savoir si, en l'absence de progrès du processus de privatisation ou dans l'attente de la privatisation, il faille à l'Etat propriétaire rester dans l'expectative et ne pas mettre en œuvre une véritable mise à niveau tant du management, de la gouvernance de l'entreprise que de sa technologie, de ses moyens de production pour en conforter, dans un marché ouvert, sa fonction de source de richesses et d'emplois permanents”. Pour lui, il est, en effet, vital d'organiser une réponse de l'offre de produits nationaux à une demande domestique (qui risque d'exploser sous le poids de la dépense publique). “Faute d'organiser rapidement une telle réponse, nous assisterons si ce n'est à la résurgence de pressions inflationnistes (contenues quelque peu par la concurrence externe), du moins à un gonflement sans précédent des importations, alors que nos recettes d'exportations sont — par nature — instables, même si ces dernières années, elles ont connu une embellie”, avait-il souligné. Une stratégie de développement à l'horizon 2025 centrée sur l'entreprise et qui se donne pour objectif la réhabilitation du travail, la construction d'un système performant de production de biens et de services, moins dépendant des exportations d'hydrocarbures, voilà ce dont doit se doter l'Algérie. Réunir les conditions d'une véritable relance industrielle, mettre en place des pôles d'excellence et de compétitivité, aider à l'émergence de champions, tout un programme que l'Algérie ne possède malheureusement pas actuellement. Les économistes sont plusieurs à prévenir contre la tentation qui consisterait à considérer que le développement peut mécaniquement résulter de la simple consommation de crédits budgétaires, et de quelques transformations dans l'organisation de l'économie. Les problèmes structurels du système d'organisation de notre économie commandent un traitement bien plus profond. Meziane rabhi