L'opération des forces de sécurité menée depuis l'embuscade meurtrière qui s'est soldée par la mort de treize douaniers vendredi dernier se poursuit toujours dans la région de Hassi Chebaba, au sud de Ménéa. Hier, un communiqué du ministère de l'Intérieur a fait état de la liste de l'armement récupéré, alors que des images filmées de l'opération ont été diffusées sur la chaîne de télévision algérienne. Sans pour autant donner le nombre de terroristes abattus, le communiqué a fait état de 8 véhicules 4x4 de marque Toyota détruits à 50 km au nord-est de Hassi Chebaba, dont deux chargés d'explosifs et de munitions de différents calibres, « ce qui a provoqué deux fortes explosions générant deux colonnes de fumée », ainsi que la récupération d'un important lot d'armes. Il s'agit, selon la même source, d'un fusil-mitrailleur lourd 14.5, de 6 lance-roquettes RPG 7, d'un mortier 60 mm, de 4 fusils-mitrailleurs RPK, de 59 fusils-mitrailleurs automatiques, d'un fusil à lunettes, d'un fusil-mitrailleur (FM), de 15 pistolets, de 311 chargeurs pour différentes armes, de 53 capsules d'obus de mortier, d'un canon 12.7 mm, de 16 caisses de munitions de différents calibres et des obus de mortier. Selon des sources sécuritaires, il semble que le groupe composé d'au moins 18 terroristes a réussi à prendre la fuite. Seul, un d'entre eux a pu être abattu par les unités de l'ANP, alors que les autres ont abandonné leurs véhicules bourrés d'armement et d'explosifs, dès que le pilonnage par hélicoptère de combat a commencé. Il pourrait s'agir, ont indiqué nos sources, d'un convoi d'armes venu des pays du Sahel, à destination des maquis du GSPC. Le plateau de Tadmait est connu comme étant le lieu de passage de ces convois qui se sont multipliés ces dernières années, notamment depuis que Mokhtar Belmokhtar a repris du terrain, après la neutralisation de son rival Abderrazak le Para. Des informations de repentis ont fait état de plusieurs commandes d'armes et de moyens de communications au profit des maquis du GSPC. Il est cependant inquiétant de voir ces groupes emprunter régulièrement les mêmes itinéraires et utiliser la même stratégie pour alimenter les maquis terroristes en armement en toute quiétude. Des gîtes d'étape, des caches d'armes et même des « centres » d'approvisionnement en carburant et en nourriture sont implantés dans de nombreux points de ce plateau sans qu'ils soient repérés par les forces de sécurité. Quelques mois de siège opéré par les unités spéciales de l'ANP dans cette région lors de l'enlèvement des 31 touristes occidentaux en 2003 a totalement déstabilisé les réseaux de trafic d'armes et bon nombre d'entre eux ont été neutralisés. Dans une étendue aussi importante et aussi stratégique que le Sahara, une pression permanente des unités de l'ANP sur les groupes armés et les contrebandiers dont l'interconnexion est aujourd'hui avérée est plus que vitale. L'embuscade menée contre les douaniers à Ménéa a montré la puissance de l'armement détenu par les terroristes, puisque les premiers hélicoptères ayant survolé la région quelques heures seulement après l'attaque ont vite fait de rebrousser chemin de peur d'être détruits en vol. N'étant pas équipés pour le combat, ces appareils auraient été une cible facile pour les fusils-mitrailleurs lourds et les lance-roquettes RPG 7 avec lesquels les terroristes, à bord de véhicules maquillés (pour ne pas être repérés), les avaient accueillis. Les frontières sud du pays sont connues comme étant une véritable passoire qui pourrait constituer, à ce rythme des événements, une menace dangereuse pour la sécurité de toute la région, poumon qui fait vivre l'Algérie. Visiblement, les leçons n'ont pas été tirées de l'opération spectaculaire du rapt des 31 touristes étrangers dans ces mêmes lieux par la même organisation, il y a à peine trois ans.