La plupart des titres de la presse française sont revenus, hier, sur cette visite, qualifiée d'“échec franc et brutal”. Philippe Douste-Blazy aurait ainsi reçu “une volée de bois vert” de la part des autorités algériennes, selon Le Parisien. “Franche” et “brutale”. C'est en ces termes que le quotidien populaire Le Parisien a qualifié la réponse donnée par Alger à Philippe Douste-Blazy au sujet de son désir de ranimer le traité d'amitié qui semble être finalement entré dans un coma irréversible s'il faut garder la métaphore médicale. L'abrogation de l'article controversé de la loi du 23 février “n'a pas suffi”, relève le journal qui énumère les “sujets qui fâchent” : l'épineux problème de visas délivrés avec une parcimonie tatillonne voire, humiliante, la lancinante question du devoir de mémoire et la question des harkis. Pour Le Parisien, le chef de la diplomatie française a reçu une “volée de bois vert” après s'être fait dérouler le “tapis rouge”. “Après des mois d'atermoiements, le projet de traité d'amitié franco-algérien vient de subir un nouveau revers. “Porte-voix désigné par Abdelaziz Bouteflika, le ministre des Affaires étrangères algérien, Mohamed Bedjaoui, a renvoyé à un futur lointain l'initiative lancée en février 2003 par le président français”, écrit de son côté le quotidien de gauche Libération. Sa spécialiste Josée Garçon qui n'a pas fait le déplacement à Alger, sans doute pour ne pas avoir été invitée par le Quai d'Orsay, estime que “dans l'incertitude entourant la présidentielle française, le pouvoir algérien n'a aucune intention de faire le cadeau de ce traité d'amitié à un Chirac en bout de course”. D'autant, ajoute le journal, que sa ratification reste un moyen de pression d'Alger qui “entend dissuader Paris de soutenir trop ouvertement le plan d'autonomie marocain sur le Sahara Occidental”. Conclusion du journal : le traité est totalement bloqué. Et ce n'est pas Le Figaro qui le contredit. Le quotidien de droite note que l'“allant” de Douste-Blazy “contrastait avec le manque flagrant d'enthousiasme des responsables algériens”. Le Monde rapporte de son côté qu'“en recevant Philippe Douste-Blazy, lundi matin 10 avril, à Alger, le président Bouteflika a sorti au chef de la diplomatie française tout ce qu'il avait sur le cœur : non, la blessure provoquée par la loi française du 23 février 2005 n'est pas refermée en Algérie, même si l'article qui vantait les mérites de la colonisation a été abrogé en janvier ; non, les Algériens ne comprennent pas que l'on puisse parler de “partenariat d'exception”, alors que la France leur accorde des visas au compte-gouttes, de façon humiliante ; non, le soutien constant affiché par Paris au Maroc, notamment dans le dossier du Sahara Occidental, n'est pas acceptable. Conséquence : la signature du grand traité d'amitié prévu entre les deux pays n'est pas pour demain. Dans l'avion de retour vers Paris, la délégation n'a pas affiché une mine défaite. Sa conclusion ? “C'est bien que M. Douste-Blazy ait fait le déplacement et qu'il ait pu parler avec les Algériens, assurait l'un des proches du ministre. Il fallait crever l'abcès. Maintenant, nos relations vont pouvoir redémarrer”. Un journaliste, qui a fait le déplacement dans l'avion ministériel, a confié : “C'était la douche froide.” Y. K.