Air Littoral veut desservir cette ligne. Suite logique et attendue de l'endettement d'Air Lib et de la suspension de sa licence d'exploitation, il y a une semaine, le PDG de la compagnie aérienne Jean-Charles Corbet a déposé le bilan de l'entreprise auprès du tribunal de commerce de Créteil (Val-de-Marne), jeudi dernier, dans la mi-journée. Cette décision annoncée auparavant aux représentants syndicaux n'a surpris personne, vu la situation de la compagnie. Sur le plan juridique et administratif, le dossier sera examiné par le tribunal, lundi, à partir de 9h, à l'occasion d'une audience à huis clos de la chambre du Conseil. A l'issue de cette audience, l'affaire sera mise en délibéré et une date sera fixée pour le jugement qui sera rendu, cette fois-ci, lors d'une audience publique. Théoriquement, le tribunal a le choix entre deux solutions : la mise en redressement judiciaire de l'entreprise ou sa liquidation pure et simple. Sauf coup de théâtre, c'est cette dernière issue qui semble la plus probable, étant donnée la situation d'Air Lib qui n'a plus d'activités, 120 millions d'euros de dettes publiques accumulées, et n'a pratiquement plus de trésorerie. Mais Air Lib, c'est du personnel, des créneaux horaires et des avions. Que vont devenir les 3 200 salariés d'Air Lib ? Le gouvernement français a demandé aux patrons de la SNCF, de la RATP et d'Air France “de faire leur devoir”. Mais à la veille d'une guerre qui risque de peser sur tout le secteur, Air France, engagée dans un processus de privatisation, n'est guère en mesure de mener des recrutements massifs. Reste à espérer que les remplaçants, car il y en aura, ouvriront leurs portes aux licenciés d'Air Lib. Le malheur des uns faisant souvent le bonheur des autres, en économie sans doute plus qu'ailleurs, la compagnie à bas coût EasyJet est candidate à une partie des 44 000 créneaux horaires d'Air Lib. Elle n'est pas la seule. Air France ne sera sans doute pas oubliée. Pour la destination Maghreb, les compagnies se bousculent. Il y a Aigle Azur qui louche sur l'Algérie. Sa collègue, la compagnie régionale française Air Littoral, a exprimé hier son souhait de desservir la ligne Paris-Alger. Dans un communiqué, Air Littoral “souligne son intérêt pour la desserte Paris-Alger, dans le cadre du partenariat avec Air Algérie, pour laquelle elle engage les demandes d'autorisation nécessaires.” La ligne Paris-Alger n'est plus desservie que par Air Algérie, après la cessation d'activité d'Air Lib. Cette compagnie avait fondé de grands espoirs en cette desserte, jugée “très rentable” pour rétablir ses équilibres financiers. Air Littoral, basée à Montpellier (sud de la France), a lancé depuis juin 2002 deux à trois vols par semaine Alger-Nice, Alger-Montpellier, Nice-Oran, Nice-Constantine, Montpellier-Oran et Nice-Annaba. Air Littoral, selon le journal Midi Libre, s'est portée candidate pour reprendre durablement l'exploitation de cinq lignes en partance de Paris vers Figari, Alger, Oran, Toulouse et Perpignan. Si cette proposition était retenue par le ministère des Transports, elle pourrait s'accompagner de la reprise de 250 à 300 salariés et de quatre avions. Des appareils qui ne correspondent pas à la flotte exploitée par Air Littoral mais qui lui permettront, au moins pendant un moment, de disposer de capacités plus importantes. Vers Alger et Oran, les liaisons se feraient en étroite collaboration avec Air Algérie, comme c'est déjà le cas depuis Montpellier et Nice. Air Littoral mise sur une signature rapide d'un accord de code-share avec les compagnies nationales algérienne et tunisienne. Mais aussi, depuis ce week-end, sur une entrée dans son capital des trois partenaires du Maghreb. En 2003, la compagnie espère transporter 100 000 voyageurs vers le Maghreb et réaliser 20% de son chiffre d'affaires d'ici à trois ans. La nouvelle bagarre du ciel français a commencé. M. R.