La décision finale reviendra au tribunal du commerce qui statuera sur le sort de cette compagnie française. L'avenir de la compagnie aérienne française Air Lib est sérieusement menacé. A moins d'une ultime solution “miracle”, l'entreprise se dirige droit vers le dépôt de bilan. C'est le début de la fin pour le deuxième transporteur aérien de France. Son “sauveur” potentiel, le néerlandais, IMCA, qui devait reprendre la société, a, au grand dam des 3 200 employés, fini par se désister à la dernière minute. Il n'est pas parvenu à un accord avec Airbus pour la livraison d'une trentaine d'appareils à bas prix. Au dernier moment, donc, le repreneur hollandais a renoncé à signer le protocole de conciliation avec Air Lib, son actionnaire Holco et l'Etat français. Cet accord devrait permettre à IMCA de rentrer au capital de la compagnie française. Plusieurs avantages, dont le rééchelonnement de la dette d'Air Lib, estimée à 120 millions d'euros, ont été accordés à IMCA. Or, le seul point noir qui a entaché le bon déroulement des négociations, mercredi dernier, reste indubitablement le renouvellement et le refinancement de la flotte vieillissante d'Air Lib. Le néerlandais conditionnait sa reprise de la compagnie par l'achat d'environ trente Airbus A319, jugés indispensables pour réaliser des gains de productivité. Ce qui permettra, estime le patron d'IMCA, M. De Vlieger, de déployer la stratégie de la compagnie à moindres coûts. Cet homme d'affaires réclamait, en revanche, des conditions d'achat, qualifiées d'inacceptables par le groupe aéronautique Airbus. Conséquence : Air Lib s'est vu, dès jeudi, retirer la licence d'exploitation qui a expiré mercredi et ses avions cloués au sol. L'affaire est actuellement entre les mains du tribunal du commerce de Créteil (Val-de-Marne) qui devra statuer sur une mise en redressement judiciaire ou une fort probable liquidation. Des mesures ont, de ce fait, été arrêtées par le ministère des Transports (algérien). Ainsi, des vols supplémentaires seront programmés pour les passagers d'Air Lib bloqués en France et en Algérie. Une offre tarifaire, qui tiendra compte des circonstances, sera proposée, selon le ministère, aux clients au départ d'Alger et d'Oran sur présentation du billet d'Air Lib afin de faciliter leur acheminement. Les compagnies Air Algérie, Khalifa Airways et Aigle Azur vont par ailleurs assurer les départs à destination de l'Algérie, en cette période de grande affluence à la veille de la fête de l'Aïd-el-Adha. Air Algérie a mis en place, en collaboration avec la tutelle, un dispositif qui se traduit par une programmation de capacités additionnelles. Dès aujourd'hui, un vol supplémentaire fixé à 19h10 en partance de Paris est, d'ores et déjà, programmé par Air Algérie. Deux autres vols supplémentaires, l'un à 14h50 et l'autre à 15h10, sont également prévus pour demain. La compagnie nationale, faut-il le souligner, prendra en charge les passagers d'Air Lib jusqu'au 14 du mois en cours. Aigle Azur qui s'est, elle aussi, jointe à ce renforcement, consacrera 5 vols vers notre pays à compter d'aujourd'hui. Outre la programmation régulière, la compagnie a mis en place, deux vols en suplément pour aujourd'hui, un autre pour demain, un troisième pour lundi et un quatrième pour mardi. Le PDG d'Air Lib, M. Corbet, quant à lui, préfère préserver l'espoir en demandant l'arbitrage du président de la République, Jacques Chirac. Inquiets et soucieux de leur avenir, une centaine de salariés de la compagnie, menacée de disparition, ont bloqué les accès à l'aéroport d'Orly, jeudi, dans la matinée. Ils sont plus que convaincus que l'autre compagnie française, Air France, ne pourra pas réembaucher l'intégralité du personnel de leur entreprise. A la demande du gouvernement français, Air France mettra tout en œuvre pour assurer le transport des passagers d'Air Lib, notamment vers les Antilles. Ce sont quelque 10 000 personnes qui sont bloquées actuellement à l'étranger à cause de l'arrêt des activités d'Air Lib. L'essentiel de cette clientèle se trouve à Cuba, en Italie, à la Réunion et aux Antilles. Une autre partie est, en outre, bloquée en Algérie. Jusqu'à hier, aucune solution palpable ne profilait à l'horizon. Le secrétaire d'Etat aux transports français a bien précisé que la dernière décision revient au tribunal du commerce. Néanmoins, “nous aiderons les employés du mieux que nous pourrons”, a-t-il rassuré aux syndicalistes. B. K.