Cette compagnie privée qui dessert Alger et Oran demande un moratoire sur ses dettes publiques. Air Lib n'a plus que quelques jours avant d'être fixée sur son sort. Son président- directeur général, Jean-Charles Corbet, a une nouvelle fois plaidé sa cause, jeudi, auprès du gouvernement qui prendra le temps du week-end pour réfléchir avant de donner une réponse définitive. Le président d'Air Lib, accompagné de représentants de l'entreprise néerlandaise Imca, a été reçu durant trois heures au ministère pour défendre le dossier Air Lib, dont le plan de restructuration a été remis au gouvernement mercredi dernier dans l'après-midi. À l'issue de l'entrevue avec les représentants du ministère des Transports français, les dirigeants d'Air Lib ont annoncé que le gouvernement demandait des précisions complémentaires. Au cabinet du secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, on indiquait jeudi soir que “le temps de potasser le dossier, il n'y aura vraisemblablement rien avant lundi”. “Le plan de restructuration a été transmis mercredi au gouvernement. Nous sommes venus en expliquer un certain nombre d'aspects. Nos interlocuteurs nous ont posé des questions, et nous travaillons à leur fournir des éléments supplémentaires dans les meilleurs délais”, a déclaré Pascal Perri, membre de la direction d'Air Lib, en sortant du ministère. Air Lib, criblée de dettes, était censée rembourser jeudi passé, “dernier délai”, un prêt octroyé par le précédent gouvernement de 30,5 millions d'euros, ce qu'elle n'a pas fait, réclamant d'ailleurs un moratoire sur ses dettes publiques et un nouveau calendrier pour payer à partir de 2005. Si le gouvernement rejette la nouvelle version du plan de restructuration présenté par la direction, le dépôt de bilan risque fort d'être inéluctable, d'autant plus que le renouvellement de la licence d'exploitation de la compagnie, qui arrive à échéance le 31 janvier, est entre les mains des pouvoirs publics. Pour le secrétaire d'Etat aux Transports, la question est désormais plus politique qu'économique. “Quand il s'agit de 2 800 personnes, c'est avant tout un arbitrage social. Et en plus Air Lib participe à l'aménagement du territoire”, a commenté M. Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports. Les syndicats et les salariés d'Air Lib attendent désormais avec inquiétude la décision du gouvernement quant à leur avenir. Mercredi en fin d'après-midi, la direction d'Air Lib a affirmé avoir signé un accord avec Imca qui entrerait dans le capital de la compagnie aérienne à hauteur de 50% et sauverait ainsi Air Lib du dépôt de bilan. “Le groupe Imca est prêt à assurer à Air Lib le fonds de caisse, c'est-à-dire l'argent nécessaire pour assurer ses charges courantes”, avait indiqué Jean-Charles Corbet. Il a également souligné qu'Imca “est prêt à renouveler une flotte qui ne nous permet pas aujourd'hui de nous développer”, en achetant des airbus. Imca avait soutenu qu'il envisageait d'acheter 29 Airbus A-320 en option, afin de rénover la flotte d'Air Lib. Au siège d'Airbus, on a confirmé avoir reçu une “demande” pour faire une proposition commerciale portant sur 29 appareils. Pour rappel, après avoir révélé en novembre dernier le nom de l'investisseur potentiel néerlandais, Air Lib avait obtenu un délai, jusqu'au 9 janvier, pour rembourser ses dettes publiques et une prolongation de sa licence d'exploitation jusqu'au 31 janvier. Une première version du plan de restructuration d'Air Lib, rejeté par le gouvernement le 27 décembre, évaluait les besoins de la compagnie à quelque 272 millions d'euros. La nouvelle version du plan de restructuration a été transmise au gouvernement à la veille de la “date-butoir ultime” pour le remboursement du prêt FDES (Fonds européen de développement) de 30,5 millions d'euros accordé à Air Lib et pour la fin du moratoire sur ses dettes publiques (fisc, Urssaf, taxes aéronautiques), qui représentent aujourd'hui environ 80 millions d'euros. M. R.