Décidément, rien ne semble pouvoir infléchir la position du président US, déterminé à user de la force pour désarmer l'Irak, alors que des progrès substantiels sont enregistrés par les responsables des inspections. L'Irak se plie peu à peu aux exigences de la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l'ONU, en facilitant la mission des inspecteurs. Mieux, Saddam Hussein a promulgué vendredi un décret, adopté le jour même par son Parlement, interdisant la production et l'importation des armes de destruction massive conformément aux recommandations du Conseil de sécurité. La position de Bagdad est confortée par les rapports de Hans Blix et Mohamed El-Baradei, qui ont réaffirmé la nécessité de poursuivre les inspections en raison des progrès enregistrés ces dernières semaines. Saisissant cette opportunité, le chef de la diplomatie française s'est engouffré dans la brèche pour appeler la communauté internationale à soutenir le désarmement pacifique de l'Irak car, pour l'instant, rien ne prouve que ce pays refuse de coopérer avec les inspecteurs onusiens. Tous ces points positifs ont été balayés du revers de la main par le secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères. Colin Powell estime qu'il ne s'agit là que d'une nouvelle tentative de Saddam Hussein de duper la communauté internationale. Les Etats-Unis semblent déterminés à attaquer l'Irak même en faisant fi de la réalité. Cette attitude s'explique, selon les observateurs de la scène américaine, par la volonté de George Bush de taire toutes les contestations sur sa gestion économique sur les plans interne et externe. Le locataire du bureau ovale, qui vient de battre le record établi par son père, en matière de déficit budgétaire, cherche à occuper la rue avec la crise irakienne. Pour l'instant, il réussit bien, à voir le chauvinisme dont fait preuve la presse américaine vis-à-vis des pays opposés à une guerre contre l'Irak, notamment la France. Il est même reproché à Bush de vouloir déstabiliser l'Union européenne afin d'affaiblir l'euro, qui constitue désormais une réelle menace pour le dollar, comme le démontrent les opérations financières dans les différentes places boursières internationales. Le président américain veut cacher l'image de la plus grande puissance mondiale en proie à de sérieuses difficultés économiques, comme le montrent les 290 milliards de dollars de déficit budgétaire cette année. En somme, tous les moyens sont bons pour détourner l'attention de l'opinion publique, et la crise irakienne tombe à point nommé telle une bouée de sauvetage à laquelle il s'accroche désespérément. Une chose est sûre, les Etats-Unis ne reculeront devant rien, pas même devant la légalité internationale, pour se débarrasser de Saddam Hussein, qui constitue un obstacle pour la politique américaine dans la région du Golfe, qualifiée de très importante pour la concrétisation des objectifs de George Bush, dont le plus urgent reste un second mandat à la Maison-Blanche. K. A.