Même si les Etats-Unis semblent déterminés à faire usage de la force contre l'Irak sans l'aval de l'ONU, un rejet de la résolution mettrait les Américains et leurs alliés en position de hors-la-loi. La bataille s'annonce ardue entre pacifistes et partisans de la guerre. Le rapport de force au sein du Conseil de sécurité avant l'intervention d'un vote est favorable au camp des pacifistes, ceci sans tenir compte du droit de veto dont disposent les trois principaux opposants au recours à la guerre pour désarmer l'Irak. C'est du moins l'avis de la France, la Russie et la Chine, décidées à utiliser tous les moyens pour bloquer la résolution ultimatum qu'espèrent faire adopter les Etats-Unis et leurs alliés pour légitimer une attaque militaire pour désarmer le régime de Saddam Hussein, alors que les inspections sont toujours en cours et rien n'indique qu'il y a blocage pour aboutir à l'objectif fixé par la résolution onusienne 1 441. Le locataire de la Maison-Blanche ne veut rien entendre. Pour lui, tous les progrès réalisés par les inspecteurs depuis le 27 novembre 2002, date de la reprise des inspections en Irak, ne sont que des subterfuges dont usent le chef de l'Etat irakien pour gagner du temps et tromper la communauté internationale. Contrairement à son père, qui avait le soutien de la quasi-totalité des pays de la planète en 1991, George W. Bush n'arrive même pas à convaincre de traditionnels alliés des Etats-Unis, tels que la France ou l'Allemagne, de la nécessité, sans parler de la légalité, de l'attaque militaire qu'il s'obstine à vouloir lancer contre l'Irak. Le contexte est totalement différent. Beaucoup d'analystes de la question irakienne estiment que ce pays ne constitue pas réellement un danger pour la paix dans cette région du monde, encore moins pour la sécurité des Etats-Unis, comme veut le faire croire l'Administration américaine. Les dirigeants arabes, y compris ceux qui accueillent sur leurs territoires des soldats US pour ne pas contrarier l'oncle Sam, rejettent toute attaque contre Bagdad si l'on se fie au communiqué final du dernier sommet de la Ligue arabe qui s'est déroulé au Caire le 1er mars dernier. Ces derniers estiment que le danger représenté par Israël est beaucoup plus important que celui que l'on attribue à l'Irak. C'est dire la faiblesse de la position du président américain, qui fait semblant d'ignorer le défi que lui lance la Corée du Nord qui clame très haut posséder l'arme nucléaire. Bush fait une fixation sur l'Irak qu'il accuse de détenir des armes nucléaires et chimiques pendant que les experts de l'ONU, actuellement en Irak, déclarent n'avoir rien découvert de tel. La bataille s'annonce ardue au Conseil de sécurité de l'ONU lors de l'opération de vote entre les Etats-Unis et leurs alliés et les partisans d'un règlement pacifique de la crise irakienne. L'issue de ce bras de fer dépend de la position des six pays membres non permanents du Conseil de sécurité, considérés comme indécis. En effet, le vote de l'Angola, la Guinée, le Cameroun, le Mexique, le Pakistan et le Chili sera déterminant pour l'aboutissement ou le blocage de la résolution ultimatum parrainée par Washington, Londres et Madrid. En réaction à l'énorme pression exercée par les Américains sur ces pays, le chef de la diplomatie française a effectué une tournée dans trois Etats africains pour les convaincre d'épouser la position de Paris. Comme les difficultés économiques rencontrés par les six pays membres non permanents ne sont un secret pour personne, il n'est guère difficile de deviner quels genres d'offres leur font miroiter les deux antagonistes. Reste à savoir s'ils pourront résister pour donner la priorité à leur conscience ou non. Le sort de l'Irak est entre leurs mains. K. A.