Pour le patron de la Centrale syndicale, il est honteux de rester muet lors que tout un peuple risque de se faire massacrer. Loin, très loin des grandes liesses de Paris, de Londres et du Caire, le rassemblement du Parti des travailleurs en solidarité avec l'Irak avait pâle figure hier. Quelques centaines de manifestants à peine ont répondu à l'appel du PT. Sans doute, les éléments des forces de sécurité déployés autour du lieu de la manifestation, à la place du 1er-Mai étaient plus nombreux. En tenue des grands jours, ils se sont attelés à cantonner la foule dans un périmètre restreint, délimité par de multiples barrières. Toutefois, bien que le dispositif policier se voulût préventif à tout éventuel débordement, il trahissait un certaine indulgence. “Le rassemblement est visiblement toléré”, lâchera la porte-parole du PT. Louisa Hanoune a confié avoir adressé une demande d'autorisation au ministère de l'Intérieur, il y a une semaine, sans réponse cependant. Embarrassées par un avis d'interdiction qui ferait jaser les capitales arabes, les autorités publiques ont ainsi implicitement donné leur feu vert à la manifestation. Bien plus, présents en force, les médias publics en feront un grand écho. “Alger ne peut pas rester indéfiniment sous embargo. Nous devons exprimer notre solidarité au peuple irakien et nous devons le faire dans la rue”, s'est écriée Louisa Hanoune. En rejoignant vers 16 heures la manifestation, elle a exalté la foule qui a, pour l'occasion, brûlé la bannière étoilée et repris des slogans vieux d'une décennie. “Birouh, bidam, nafdik ya Saddam” (De notre âme et de notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, ô Saddam ", “Non à la guerre”, “Bush assassin” … L'ambiance montera, par ailleurs, d'un cran à l'arrivée du patron de la Centrale syndicale. Entouré de son staff, Abdelmadjid Sidi Saïd a lancé tout de go : “Il est honteux de rester muet alors que tout un peuple risque de se faire massacrer”. A ses yeux, dès lors qu'il y a un appel à une manifestation en solidarité avec le peuple irakien, il est tout naturel d'y participer. “Les Occidentaux sont en train de nous donner une leçon, alors que chez nous, partis politiques, organisations et associations temporisent en s'épiant”, a dénoncé le SG de l'UGTA. Se déclarant, pour sa part, engagé sur le front du refus, il annonce une grande manifestation des travailleurs pour les prochains jours. Cette action sera, selon lui, organisée en coordination avec la Confédération des syndicats arabes. Le représentant de cette organisation était l'hôte de Sidi Saïd hier. A la place du 1er-Mai, dans la foule des manifestants, on reconnaissait outre des militants de gauche et une grappe de cadres de partis islamistes, un certain Ali Benmohamed, ancien ministre de l'Education et promoteur de l'école “authentique”. S. L.