Les faux visas coûtent entre 150 000 et 300 000 dinars l'unité, les cachets de la PAF 50 000 DA. La parcimonie avec laquelle les pays européens délivrent les visas d'entrée dans leurs territoires respectifs aux ressortissants algériens fait le beurre de trafiquants en tout genre. Le désir de nos concitoyens de voguer au-delà de la Méditerranée étant insatiable, ils sont prêts à tout pour obtenir la clé du fameux sésame, quitte à violer la loi et à se ruiner. Un faux visa Schengen coûte entre 150 000 et 300 000 dinars. Quatre voyageurs, dont un couple arrêté dernièrement à l'aéroport Houari-Boumediene en possession des agréments délictueux, ont avoué avoir versé approximativement ces sommes pour rejoindre l'eldorado européen. L'interrogatoire de la Police judiciaire a permis d'identifier le chef du réseau, qui demeure toujours en fuite. Selon Derradji Salah, chef adjoint du service de la répression du banditisme et de la lutte contre la criminalité, il active à Chlef et serait âgé d'environ 35 ans. Au cours d'une conférence de presse animée hier au siège de la direction générale de la Police judiciaire, ce commissaire principal a révélé une affaire similaire, prise en charge par la brigade de la répression du faux. Pis, pour le trafic des visas, le gang en question usurpait des sceaux de l'Etat, dont des cachets d'entrée et de sortie du territoire national de la Police des frontières au niveau de l'aérogare et du port d'Alger. Le réseau transnational se livrait également à la falsification des sceaux de la PAF espagnole de l'aéroport de Barcelone et du port d'Alicante. De même, il confectionnait à ses clients des cartes de recensement consulaires et des certificats de résidence en terre ibérique. La valeur d'un tampon est de 50 000 dinars. 8 personnes sont impliquées dans le trafic dont 2 sont déjà en prison. Les charges retenues contre elles concernent l'association de malfaiteurs, la contrefaçon des sceaux de l'Etat, l'usurpation et le faux et usage de faux, le recel et la non-dénonciation. Le réseau des contrefacteurs activait dans une zone assez vaste, allant de Bouira vers l'Espagne, en passant par Alger et Boumerdès. Le commissaire Derradji réfute une quelconque connexion avec des groupes terroristes. “Nous sommes intervenus à temps”, se félicite-t-il sans autre précision. Durant sa rencontre avec les journalistes, l'officier a fait le bilan des affaires élucidées par ses services depuis un peu plus de deux mois. Figurant parmi les 13 brigades du service de la lutte contre la criminalité, la section de répression du faux a démantelé un énième réseau, de faux-monnayeurs celui-ci. Au cours d'une perquisition dans un atelier à Hammamet, à l'ouest d'Alger, une somme de 350 000 DA en faux billets (des coupures de 1 000 et 500 DA) a été découverte. Dans le cadre d'une autre enquête, les policiers ont mis la main sur des chèques scannés. Le point commun de toutes ces affaires est le fait que leurs protagonistes écument deux à plusieurs wilayas où ils étendent leur “gros commerce” ; cette caractéristique distingue aussi les trafiquants de stupéfiants. Outre l'axe traditionnel Oujda-Maghnia-Oran-Alger, spécialisé dans la commercialisation de la résine de cannabis, une “Alger-Tipasa-Blida connexion” est née. Elle investit un créneau jusque-là peu exploré et très lucratif : les drogues dures. “C'est quelque chose de nouveau”, admet le commissaire principal Derradji. En deux mois, 3 affaires ont été traitées par la brigade des délits spéciaux. La première implique 13 individus, dont 2 Africains, versés dans la vente de l'héroïne, le crack et la cocaïne. Moins d'une cinquantaine de grammes de drogue a été saisie. Un gramme coûte 8 000 DA. La quantité de résine de cannabis récupérée au cours de deux autres affaires est de 105 kg. 19 160 comprimés de psychotropes font partie également du butin de la brigade des stups. Enfin, il est à noter que les services de la DPJ ont arrêté des voleurs de câbles électriques et de téléphone. 750 kg de cuivre étaient également en leur possession. SAMIA LOKMANE