Ils étaient spécialisés dans la falsification de visas, de passeports et autres documents consulaires. S'appuyant sur leur longue expérience dans la lutte antiterroriste, des éléments de la section de la PJ de l'aéroport Houari-Boumediene, n'ont pas hésité à dire que ces réseaux de trafic de documents consulaires ne diffèrent aucunement des réseaux terroristes internationaux tant sur le mode structurel qu'opératoire. Trois jours, trois réseaux démantelés. Record battu par la Police des frontières à l'aéroport de la capitale qui vient de mettre la main sur une filière de trafic de documents consulaires, de visas et de documents de séjour étrangers. Sur le plan performance il n'y a rien à dire, selon des responsables qui, tout en refusant de divulguer les secrets de l'enquête encore en instruction, mettent en garde contre un nouveau phénomène de grand banditisme technologique, dont les accointances avec le terrorisme sont désormais avérées. C'est au cours d'un simple contrôle que les éléments de la PAF, redoublant de vigilance ces derniers jours, ont pu mettre la main sur un faux résident en Italie. Les contrôles ont été durcis puisque ces deux derniers jours ont connu l'arrestation des membres d'un réseau spécialisé dans les faux visas. Une, deux, puis cinq personnes sont tombées dans le filet et ont été présentées au procureur de la République, alors que deux autres, dont un ressortissant étranger, sont en fuite. La rapidité et l'efficacité de l'enquête menée par la PAF sont essentiellement dues à la parfaite harmonie entre la police et la justice qui a facilité la tâche par la facilitation des procédures judiciaires, affirment des sources. «Ce genre de crime incite non seulement à faire vite, mais à anticiper.» Tout porte à croire que c'est un réseau transnational dont des Algériens et probablement des Italiens sont les principaux acteurs. Il s'agit là de faux vrais documents de séjour, cartes d'identité italiennes et des certificats de séjour du même pays. Des outils technologiques de pointe sont utilisés dans ce trafic dont le chiffre d'affaires est inestimable. Les premiers aveux, selon des indiscrétions, font état d'une filière difficile à démanteler de par son système structurel pyramidal similaire à celui des réseaux terroristes. Les éléments, chacun dans sa spécialité, ne se connaissent pas entre eux ce qui rendra encore plus difficile son anéantissement total. L'autre point non moins intrigant, c'est que les ficelles sont tirées à partir de l'Italie. La qualité des documents et la précision de leur exécution tendent à favoriser cette hypothèse. Il s'agit d'un travail de véritables génies de l'informatique. Cette filière propose des prestations avec des garanties totalement différentes de celles des autres réseaux ordinaires. En effet, la valeur des documents épargne non seulement aux candidats à l'immigration d'éviter les tracasseries des ambassades, mais réduit les risques de tomber entre les mains de la police des frontières. En effet, le candidat à l'immigration passe pour un Algérien résidant en France, ou parfois pour un Italien d'origine algérienne. Cela grâce au passeport estampillé par les deux PAF, signifiant qu'il lui a été permis de passer. Cette ruse n'a pas marché avec la PAF algérienne. Lors du contrôle, le candidat à l'immigration passe pour un citoyen italien d'origine algérienne. Ce qui a mis en alerte la PAF algérienne. Les réseaux terroristes auraient pu exploiter cette filière pour leur déplacement n'eût été la vigilance. Par ailleurs, un autre réseau a été démantelé 48 heures auparavant par les même services. Il s'agit d'un réseau probablement national puisque ces 5 membres dont l'employée d'une daïra du pays sont les principaux instigateurs. Ces derniers utilisaient les passeports déposés pour renouvellement au niveau des administrations locales. L'employée en question enlève les pages portant des visas, pour leur utilisation, après lifting sur les passeports des candidats à l'immigration. Le réseau en question s'étend de Meftah à Blida jusqu'à la wilaya de Chlef. Un membre d'un autre réseau spécialisé dans le même trafic, qui est actuellement sous les verrous, travaillait dans une administration locale à Aïn Defla. Il a déjà eu avant cette affaire des démêlés avec la justice pour trafic de cartes grises, mais il a été réintégré pour tomber, encore une fois, dans le trafic de permis et de passeports. Ces affaires, expliquent des hommes du terrain, dans ce genre d'enquête et auquel la police des frontières est confrontée, ont la nécessité de s'adapter avec les nouvelles formes de banditisme qui est généralement géré par des éléments hyper-instruits et maîtrisant la technologie de pointe.