Le mois du Patrimoine fait l'objet de célébration depuis hier. Un mois censé apporter un regard concret sur ce qui a trait aux projets et à la restauration de notre patrimoine dans toutes ses dimensions. Or, comme chaque année, on festoie pendant un mois un patrimoine qui s'effrite et, le reste de l'année, on oublie qu'il existe. L'année écoulée aurait pu être riche en enseignements et permettre une meilleure prise en charge de notre richesse historique et archéologique qui reste, en dépit de la batterie de lois, livrée aux aléas du temps et à l'indifférence des autorités concernées. Il faut souligner, cependant, que parmi les dossiers importants auxquels s'attelle le ministère de la Culture, le patrimoine tient une place primordiale. Il est souvent question de sa préservation et de sa restauration, même si la concrétisation tarde à venir. Certes, les quelques efforts entrepris par la brigade de lutte contre le trafic des biens culturels et le vol d'objets d'art relevant du service de la répression du banditisme et du crime organisé de la Direction de la police judiciaire (DPJ) ont permis, à plusieurs reprises, l'arrestation de trafiquants de pièces archéologiques. Mais, cela reste insuffisant face à l'indifférence et à la passivité des autorités concernées devant ce qui est devenu une activité lucrative : ce trafic des pièces archéologiques, volées des musées ou des sites archéologiques, censés pourtant être protégés. Des dizaines d'affaires de vols et de trafics de pièces archéologiques, notamment dans les parcs nationaux sahariens du Hoggar et du Tassili, ont été révélées ces dernières années. La dernière en date concerne cinq “touristes” allemands, interceptés fin novembre 2004 pour vol de plus de 130 “pièces archéologiques protégées” dans le parc national du Tassili. Le pillage d'œuvres d'art et de pièces archéologiques prospère dans la quasi-totalité du pays, détruisant des pans entiers de notre patrimoine. L'autre volet à méditer en ce mois du patrimoine qui, rappelons-le, ne suscite ni débats ni réflexions. Vu que la priorité semble être donnée aux vernissages et aux expositions différentes. C'est le devenir de nos monuments et sites archéologiques en Algérie, témoins d'un passé millénaire, qui confère au pays une civilisation ancienne et qui doit focaliser toutes les attentions. De La Casbah d'Alger, qui s'effrite, en passant par le site de Timgad, qui agonise face à l'organisation chaque année d'un festival anarchique et dans l'indifférence. Même les sites classés patrimoine national, comme celui de Aïn K'siba de Cherchell, en 1999, menace ruine. La lenteur dans la prise en charge des sites archéologiques fait que les sites se dégradent d'une manière irrécupérable et nécessite alors plus de moyens. Parfois, la destruction de certains monuments se fait sciemment pour tel ou tel projet, comme le cas de la prison du Coudiat, qui est aujourd'hui menacée de destruction malgré son classement comme patrimoine culturel national. Cette prison doit laisser place à un projet de tramway. L'autre fait actuel est la restauration du mausolée de Massinissa qui caractérise la non-concordance et l'insouciance des concernés de ce projet. Fallait-il instaurer un mois du patrimoine sans que des décisions fermes soient prises durant justement ce mois si significatif ? N. B.