Georges Bush et Tony Blair peuvent, maintenant, partir en guerre contre l'Irak. Ils partiront ainsi, en rébellion contre le monde entier qui a donné, hier, dans toutes les grandes places et capitales, une véritable démonstration contre le projet américain et pour la paix au Proche-Orient. Hier, à Paris, les Français dont le pays constitue l'un des espoirs d'une solution pacifique ont tenu à répondre par dizaines de milliers à l'appel de plus de 80 organisations, partis politiques, syndicats et mouvements pacifistes. Le cortège, qui s'est ébranlé de la place Denfert-Rochereau, dès midi, s'est dirigé vers la place de la Bastille derrière une immense banderole : “Non à la guerre en Irak. Justice et paix au Proche-Orient”. Geste symbolique, à la tête du défilé, des pacifistes américains ont tenu à témoigner leur refus de la guerre, suivis en cela par les vétérans français de la guerre du Golfe. Des dizaines de milliers de manifestants ont ainsi pris possession des lieux brandissant slogans, pancartes et banderoles comme pour rappeler que les Etats-unis ne peuvent désormais plus disposer des peuples de la planète. “Non à la guerre contre l'Irak, oui à une paix en Palestine”... Il faut dire que les deux causes sont dans les circonstances actuelles, intimement liées. Liées comme la guerre pour le pétrole, dénoncée sur toutes les affiches brandies par les manifestants. Test important pour les Français, ils devaient aussi, à travers cette mobilisation sans précédent, donner des atouts à Jacques Chirac de résister face au forcing des Etats-Unis. Ce que le chef de l'Etat français semble avoir gagné hier. Il faut dire que la rue l'a acclamé et a salué la fermeté de la position française. Les pancartes n'ont pas oublié non plus la résistance de Gerhard Schroeder, le chancelier allemand invité par une affiche, à “tenir bon”. De Paris à Berlin en passant par Rome, l'Europe a cherché à montrer hier, qu' “elle aimait bien l'Amérique”, mais pas à n'importe quel prix. Et surtout pas quand on l'insulte : “Bush, Blair, Berlusconi... la Vieille Europe vous emmerde!”. C'est ainsi que “Jeunesses identitaires” répliquait hier sur ses pancartes. Le slogan a résumé l'état d'esprit des manifestants français, hier, à Paris. Aux Etats-Unis, à présent, d'évaluer la situation. Et peut-être que l'on verra dans les prochains jours s'appliquer ce slogan de la ligue communiste révolutionnaire “G.I.S”… rentrez à la maison. The game is over”. H. B.