Ils étaient des dizaines de milliers à arpenter les rues de Washington et San-Francisco, pour dénoncer le militarisme de Bush. Une mobilisation timide contre la guerre fait également son apparition au Proche-Orient. Après les initiatives individuelles qui ont vu des personnalités, notamment du milieu artistique à l'image des comédiens Sean Penn, Martin Sheen et autres Jane Fonda, c'est au tour des manifestations collectives de faire leur apparition aux Etats-Unis. Samedi, les villes de Washington et de San-Francisco ont vu des milliers de manifestants crier leur rejet de la politique militaire de George Bush vis-à-vis de l'Irak dans la rue. Parmi les personnalités présentes, Ramsey Clark, l'ancien ministre de la justice du président Lyndon Johnson (1963-1968) a demandé la destitution de George Bush pour “crimes de sang” dans la lutte antiterroriste. Les orateurs qui ont pris la parole, dont le révérend Jesse Jackson et l'actrice Jessica Lange, ont tous fustigé le patron de la Maison-Blanche pour obstination à vouloir utiliser la force pour désarmer l'Irak. “Il faut recourir à notre intelligence, pas à la force brutale, pour résoudre un conflit, pour arrêter le terrorisme et non pas le répandre”, a dit Jesse Jackson. Les organisateurs ont estimé le nombre de participation à 200 000 à Washington et 100 000 à San-Francisco. Ces chiffres n'ont pas été démentis par la police, qui contrairement à son habitude, n'a fourni aucune estimation. La mobilisation contre la guerre en Irak gagne progressivement le Proche-Orient, ou plusieurs manifestations ont été enregistrées avant-hier dans quelques capitales. A Damas, 15 000 personnes ont répondu à l'appel du comité populaire syrien de soutien à l'Intifadha palestinienne pour clamer leur opposition à une guerre contre l'Irak. Ils étaient 8 000 manifestants environ à défiler devant le siège de l'ONU, scandant des slogans hostiles à George Bush. George Calloway, le député travailliste britannique opposé à la guerre contre l'Irak, a participé au rassemblement aux côtés de parlementaires libanais. A Amman, au Caire et à Rabat, des centaines de manifestants ont exprimé leur soutien à Bagdad au milieu d'importants dispositifs de police anti-émeutes, particulièrement dans la capitale égyptienne, où quatre personnes ont été arrêtées. Les capitales des Etats du Golfe, n'ont, par contre, connu aucune manifestation à l'exception d'un défilé de 3 000 personnes devant la cinquième flotte américaine à Bahrein. Les capitales européennes n'ont pas été en reste, malgré une faible mobilisation. La France, l'Allemagne, la Suède, la Belgique et l'Espagne ont été le théâtre de nombreux défilés, qui ne se sont pas limités aux grandes villes. “Non à la guerre en Irak, justice, paix et démocratie au Proche-Orient et dans le monde”, étaient les slogans répétés par les manifestants. Quelque 5 000 personnes se sont réunies à Tokyo pour dénoncer l'obstination du président américain à s'attaquer à Bagdad. De nouvelles manifestations sont annoncées pour le 15 février prochain à travers le monde à l'appel de nombreuses organisations pacifistes. Reste à savoir si George Walker Bush et son allié Tony Blair, seront réceptifs à tous ces appels de paix. K. A. Hans Blix : “La guerre n'est pas inévitable” Le chef des inspecteurs de l'Onu, Hans Blix, a affirmé hier qu'une guerre contre l'Irak “n'est pas inévitable”, au début d'une mission cruciale à Bagdad. “Nous ne pensons pas que la guerre est inévitable”, a déclaré à la presse M. Blix, peu après son arrivée hier dans la capitale irakienne pour une mission de 24 heures en compagnie du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El-Baradei. “Nous croyons que le processus d'inspection est une alternative pacifique. Il nécessite des inspections globales et une coopération très active de la part de l'Irak”, a ajouté le chef de la Commission d'enquête, de vérification et d'inspection de l'Onu (Cocovinu).