La pression ne se relâche pas sur les réseaux du terrorisme islamiste en Europe. Cibles d'attentats avortés, la France et l'Italie ont mené, hier, des opérations visant des personnes soupçonnées de financer ces réseaux. Une dizaine d'Algériens suspectés de liens avec le GSPC ont été interpellées simultanément dans les deux pays. Agissant en préliminaire sur réquisition de la section antiterroriste (SAT) du parquet de Paris, les policiers de la Division nationale antiterroriste (DNAT, de la direction centrale de la Police judiciaire) et de la direction interrégionale de la Police judiciaire de Marseille, ont interpellé cinq personnes à Marseille et sa région. En même temps, la Digos (police antiterroriste italienne), a interpellé sept personnes à Naples, Caserte (Sud), Milan et Bologne (Nord). Toutes ces personnes, des hommes d'origine algérienne et passant pour être proches du groupe ont été placées en garde à vue. “Il s'agit de personnes exerçant des activités délictueuses dans le monde de la contrefaçon, voire de faux papiers”, a-t-on précisé de sources proches du dossier. Elles sont soupçonnées de distraire une partie des bénéfices retirés de ces activités au profit du financement du terrorisme, mais formeraient davantage “des réseaux de soutien (faux papiers), de financement que des réseaux de combat”, a-t-on ajouté. Toutefois, si les activités de contrefaçon paraissent avérées, faire le lien avec le financement du terrorisme “devra être établi formellement, et ce n'est pas le plus facile”, a-t-on commenté. Ce sont les services de renseignements italiens qui ont initié cette affaire sur leur sol, il y a deux ans, jusqu'à ce qu'ils “tombent sur des personnes de Marseille” et alertent leurs homologues français. La section spécialisée de la direction centrale des Renseignements généraux a alors entamé ses investigations qui ont fini par porter leurs fruits. Ces opérations surviennent alors que se confirment des informations sur des attentats avortés dans les deux pays. Ainsi, le mensuel allemand de football Rund a rapporté que les équipes de football d'Angleterre et des Etats-Unis ont échappé de peu à des attentats préparés par une cellule du réseau terroriste Al-Qaïda au cours du Mondial-1998. Lors du match Angleterre-Tunisie (2-0) au stade Vélodrome à Marseille (Sud-Est), un groupe lié à Al-Qaïda envisageait d'abattre le gardien de but anglais David Seaman et l'attaquant anglais Alan Shearer, et de lancer une grenade sur le banc des remplaçants anglais, affirme le magazine. Au même moment, un attentat devait être perpétré au quartier général de l'équipe des Etats-Unis, ajoute Rund en citant des enregistrements de conversation entre des membres de ce groupe terroriste, sans autre détail. Les auteurs présumés de ces projets d'attentat avaient été interpellés deux semaines avant le début de la compétition, et les faits ont été gardés secrets pour raisons de sécurité, selon la même source. Instruits par ce précédent, les organisateurs de la Coupe du monde de football 2006 en Allemagne ont fait de la sécurité la principale priorité de cet événement qui aura lieu du 9 juin au 9 juillet. En Italie, le ministre italien de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, a confirmé jeudi dernier qu'une église de Bologne (Nord) et que le métro milanais figuraient sur la liste d'attentats planifiés par un groupe de 8 Marocains et un Tunisien arrêtés en mars par la police marocaine. “Maintenant, je peux le dire : un projet terroriste aurait dû toucher notre pays et nous avons pu le déjouer”, a indiqué le ministre, précisant que l'église San Petronio de Bologne et le métro de Milan étaient visés. M. Pisanu a fait ces déclarations en marge d'une manifestation de son parti Forza Italia à Cagliari (Sardaigne) à trois jours des élections législatives en Italie. Mardi, la police marocaine avait annoncé que les neuf personnes arrêtées par ses services au mois de mars “planifiaient des projets terroristes à Paris et à Bologne”. “Une ligne de métro à Paris, un centre commercial et le siège de la DST (Direction de la surveillance du territoire, contre-espionnage) à Paris auraient été des cibles dans les projets de ce groupe” qui entretient des relations avec le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), selon la police marocaine. Y. K.