L'Espagne et la France ont décidé de s'attaquer en commun aux réseaux de financement et aux cellules du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) présents sur leurs territoires. Une équipe conjointe d'investigation a été créée, il y a quelques jours, entre les services de police et de gendarmerie des deux pays. Il est revenu au directeur général de la Police et de la Gendarmerie espagnole, Joan Mesquida d'en faire l'annonce, hier, face aux membres de la commission de l'Intérieur du Congrès des députés ibériques. Il s'agit de la première équipe conjointe d'investigation créée par Madrid et Paris pour freiner le terrorisme islamiste. Elle a pour mission principale d'enquêter sur le réseau financier du GSPC dont des cellules seraient établies en Espagne et en France. Les deux services ont déjà collaboré par le passé, dans des équipes similaires. Celles-ci étaient chargées d'enquêter sur les activités de l'ETA. De plus, Madrid et Paris ont, à maintes reprises, élargi leurs opérations ou enquêtes réservées aux autres Etats européens, notamment pour celles portant sur la menace et les groupes terroristes islamistes. La menace étant la même, qu'elle cible les territoires espagnols ou français. D'autant que les réseaux terroristes entre l'Espagne et la France s'entremêlent. D'où la décision des deux Etats de coordonner les enquêtes dans le cadre d'une équipe conjointe d'investigation. Ce qui réduirait sensiblement le nombre de commissions rogatoires initiées par les juges d'instruction chargés des dossiers antiterroristes entre les deux pays et faciliterait le travail à la fois des magistrats et des enquêteurs. Il y a lieu de croire que la décision de Madrid et de Paris de coordonner les enquêtes sur les réseaux logistiques et financiers du GSPC sur leurs territoires est étroitement liée à la fois aux menaces dirigées contre les deux pays, mais également au fait que le GSPC a aujourd'hui le label Al-Qaïda. Ce qui augmente de fait d'éventuels risques. Ces dernières années, notamment après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, ceux du 11 mars 2004 à Madrid et du 7 juillet 2005 à Londres, la pression s'est accrue sur les réseaux islamistes en Europe. Ces dernières années, de nombreux réseaux de soutien logistique ou financier du GSPC sont présents, principalement en Espagne, en France et en Italie. Lundi dernier, la presse espagnole a annoncé l'arrestation à Madrid de trois Algériens et d'un Egyptien accusés de procurer “aux terroristes islamistes” des documents falsifiés leur permettant de se déplacer librement à travers de nombreux pays et de pouvoir s'établir en Europe. Une enquête policière espagnole élargie, selon Europa Press, aux territoires français et suédois a permis l'arrestation en juin dernier “de sept présumés terroristes et de démanteler un réseau économique du GSPC qui avait financé deux attentats, l'un en Algérie et l'autre en Mauritanie, ayant coûté la vie à 27 militaires”. Parfois, les groupes s'étendaient sur un ou deux territoires ou bien leurs membres se connaissaient et collaboraient entre eux. C'est le cas des “filières afghanes” en France et en Espagne. En novembre 2005, la Guardia civile espagnole interpellait onze individus soupçonnés d'appartenance à une cellule de soutien logistique et financier du GSPC au cours d'une opération à Alicante, Murcie et Grenade. Les personnes arrêtées étaient soupçonnées d'avoir financé des activités terroristes grâce à l'argent de la drogue et la fabrication de fausses cartes de crédit. Cette cellule aurait entretenu des liens avec d'autres en France, en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. Baltazar Garzón, juge à l'Audiencia nacional, à Madrid, la plus haute juridiction pénale espagnole, chargé du dossier terrorisme sera d'ailleurs à Alger à la fin du mois dans le cadre d'une commission rogatoire portant sur l'instruction du dossier des Algériens arrêtés en Espagne pour “appartenance à groupes terroristes”. Samar Smati