Le Premier ministre britannique, Tony Blair, a remanié en profondeur son gouvernement, hier, après la lourde défaite des travaillistes aux élections locales, évinçant notamment son ministre de l'Intérieur Charles Clarke et remplaçant Jack Straw à la diplomatie. L'éviction de Charles Clarke fait suite à sa mise en cause pour incompétence après que son ministère eut laissé s'évanouir dans la nature 1 023 prisonniers étrangers, dont l'expulsion aurait dû être envisagée à l'issue de leur peine. Il a été remplacé par John Reid, ministre sortant de la Défense, un fidèle de Blair. Autre annonce spectaculaire, le départ du Foreign Office de Jack Straw, qui a été nommé ministre des Relations avec le Parlement. Il est remplacé par Margaret Beckett. 63 ans, mariée et sans enfants, la nouvelle ministre des AE, amputée des Affaires européenne, dévolues à un nouveau ministère, est avec Blair depuis 1997, ministre du Commerce et de l'Industrie, avant de prendre en 2001 les commandes d'un vaste ministère de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales. Par ailleurs, Blair a maintenu John Prescott à son poste de vice-Premier ministre, mais avec des responsabilités réduites. Poids lourd du Parti travailliste, Prescott avait été mis en cause par la presse pour une liaison avec sa secrétaire alors qu'il est marié depuis 44 ans. Blair pense ainsi reculer la date à laquelle il devrait céder sa place au ministre des Finances, Gordon Brown, son dauphin présumé et grâce à qui les travaillistes devaient remporter, pour la troisième fois consécutive, les législatives. En ne rassemblant que 26% des suffrages, le Parti travailliste au pouvoir a perdu au moins 249 sièges d'élus locaux et le contrôle de 16 municipalités et n'est arrivé qu'en troisième position, loin derrière les conservateurs (40%,). Affaibli par une défaite électorale, Blair pense rétablir son autorité avec ce plus vaste remaniement gouvernemental, depuis son accession au pouvoir il y a 9 ans. En réalité, le compte à rebours a commencé pour lui. D. B.