Près de 26 000 clubs scientifiques et culturels sont recensés, mais sans activité palpable. Apprendre à lire est la première mission de l'école. Par la connaissance des mots, les enfants font leur apprentissage de la vie, ses valeurs et ses secrets. Or, souvent, cette initiation à la lecture est accomplie dans la contrainte. Les élèves ont pour obligation de déchiffrer le contenu des livres, mais rarement avec amour et passion. Pour preuve, la plupart se contentent de réciter le contenu des manuels scolaires enfouis dans leurs cartables. Jamais, il ne leur viendrait à l'idée d'ouvrir d'autres livres, d'histoire ou d'aventures, car personne, leurs enseignants en tête, ne les encourage à les consulter. Pas de temps et, sans doute en partie, parce qu'ils ne sont pas à leur disposition. En ouvrant hier les travaux d'un séminaire national de deux jours au Palais de la culture sur la redynamisation de l'activité culturelle, Boubekeur Benbouzid révélait un secret de Polichinelle : nos établissements scolaires sont des îlots de pauvreté intellectuelle et artistique. Moins de 10 000 bibliothèques, 9 814 exactement sont recensées à travers les 23 000 établissements du pays. Le ministre de l'Education nationale admet leur faillite dans la promotion de la lecture auprès des élèves. De même, il reconnaît que les autres activités culturelles et de loisirs sont de la poudre aux yeux. Derrière les chiffres ronflants faisant le compte des clubs culturels (25 578), scientifiques (14 043), des associations culturelles et sportives (près de 5 000), se dissimulent de grandes carences. “Les élèves doivent avoir une activité culturelle au minimum, visiter les expositions, participer à des manifestations, connaître le patrimoine culturel de leur environnement local et de leur pays et s'ouvrir sur la culture mondiale”, préconise le ministre. À ce titre, il appelle Khalida Toumi, sa collègue du département de la Culture, co-organisateur du séminaire, à l'aider dans cette entreprise en ouvrant les portes des établissements sous son autorité, comme les musées et les théâtres aux enfants scolarisés. Mais avant cela, il faut les intéresser. Dans cette perspective, les experts, réunis depuis hier au Palais de la culture, ont huit tâches à accomplir : “Remédier au déficit dans le domaine de la lecture et inculquer le goût de lire aux élèves, favoriser l'accès à la connaissance des musées et des sites historiques, développer les capacités de créativité et de sensibilité artistique, permettre aux enfants d'exprimer leurs émotions par le jeu théâtral, les familiariser au monde de l'audiovisuel comme moyen éducatif et récréatif, développer leur sens de l'imagination à travers les arts plastiques, la gestuelle, la danse et la musique.” En somme, c'est tout un programme qui requiert une disponibilité en moyens humains et matériels que de modestes écoles disséminées dans le pays profond auront peine à fournir. S. L.