La ville de Maghnia a vécu, hier, une journée assez particulière. Des évènements peu habituels ont secoué cette “paisible” ville frontalière. En effet, les commerces et les administrations publiques ont baissé rideau toute la journée d'hier. Et pour cause, des camionneurs spécialisés dans la contrebande, notamment dans le trafic du carburant, sont montés au créneau pour s'insurger contre les nouvelles mesures prises par le comité de wilaya de lutte contre la contrebande quant à la circulation des camions à gros tonnage spécialisés dans la distribution du carburant vers le Maroc et le contrôle des denrées alimentaires importées frauduleusement depuis le royaume chérifien. Ainsi donc, les transporteurs de carburant ont barré le chemin d'accès au centre-ville de Maghnia, avant de brûler carrément des pneus et saccager des édifices publics. En fait, les émeutes d'hier ont été initiées, dit-on, par un groupe de contrebandiers connus sur la place de Maghnia pour leur activité frauduleuse. Le spectacle d'hier était désolant aussi bien au centre-ville que sur la RN35 menant à Oran. De jeunes émeutiers, venus des quatre coins de Maghnia, ont brûlé et saccagé des magasins. Ni le siège de la Sonelgaz, ni le palais de justice, ni le CFPA n'ont échappé à cette révolte peu ordinaire. Des camions ont été brûlés. Des scènes de pillage et des actes de vandalisme ont ponctué également ces troubles. Des manifestants ont sauvagement dévasté les échoppes de la ville. Cette situation de trouble a évidemment nécessité l'intervention des forces de l'ordre. Des scènes de confrontation ont eu lieu entre les jeunes manifestants et les éléments des groupes d'intervention. Des renforts des services de sécurité sont même venus des daïras avoisinantes pour rétablir l'ordre. Il a fallu l'utilisation des bombes lacrymogènes pour disperser la foule. Des arrestations ont alors été opérées. Pas moins d'une trentaine de personnes ont été interpellées. Au moment où nous mettons sous presse, le mouvement de troubles n'a pas été totalement maîtrisé. La décision du comité de lutte contre la contrebande s'inspire d'un constat fait sur le terrain où des marchandises frappées du label du royaume chérifien ont inondé le marché parallèle à Maghnia. Laquelle décision n'a pas été du goût des contrebandiers. Les autorités compétentes ont mis en place un dispositif drastique de contrôle de carburant et de lutte contre les barrons de la drogue et autres trafics. Selon des sources de la wilaya, ce mouvement était prévisible du fait que les intérêts des différentes filières de la contrebande se sont réduits. Il y a lieu de rappeler enfin que les communes frontalières, à savoir Béni Snous et Sidi El-Abed ont connu, il y a un mois, un violent mouvement de protestation. M. AMMAMI/Y. LEBBAD