Certes la santé n'a pas de prix, mais elle a tout de même un coût que la Cnas veut revoir à la baisse. “Après les conventions avec les officines, nous comptons passer à des conventions avec les prescripteurs. Nous revaloriserons le rôle du médecin généraliste et nous éviterons ainsi les consultations spécialisées non indispensables”, c'est ce qu'a révélé, Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale lors de son allocution inaugurale des journées nationales sur le médicament générique, les produits de santé en Algérie, organisées par la revue Santé + et dont les travaux ont débuté hier pour s'achever aujourd'hui. Le ministre du Travail rappelle que le recours au tarif de référence “n'est en réalité que l'application de la loi 83-11 votée voilà 23 ans”. Il insistera aussi sur la révision à la hausse des marges bénéficiaires dont bénéficieront les pharmaciens qui feront la promotion des produits génériques. Il estime que la politique adoptée actuellement permettra à la Cnas de réaliser des économies substantielles. Quant aux réformes de la Sécurité sociale, il annonce : “Dès 2007, nous allons tester une carte à puce dont seront détenteurs les bénéficiaires du tier-payant dans certaines wilayas pilotes. Grâce à cette carte, nous pourrons maîtriser les dépenses et faciliter l'accès aux soins et aux médicaments pour les malades.” Il est prévu aussi des avantages qui seront définis ultérieurement pour les médecins prescripteurs de génériques. Le ministre du Travail révèle aussi que la facture du médicament s'est élevée à 105 milliards de dinars en 2005, et que durant cette période, la Cnas a remboursé 47 milliards de dinars uniquement pour le même chapitre. Quant à la secrétaire générale du ministère de la Santé, elle estime, pour sa part, que son département encourage la consommation des génériques. “Le ministère de la Santé a repris l'enregistrement des nouveaux médicaments. Nous revoyons les délais d'enregistrement à la baisse pour justement activer la mise sur le marché de produits génériques”, déclare la secrétaire générale du ministère de la Santé. Pour sa part, M. Si Bachir, directeur de la revue Santé +, et organisateur de ces journées, il estime que grâce à cette manifestation, il a réussi à réunir tous les concernés par le médicament à savoir “les praticiens, les pharmaciens, les caisses d'assurance, les départements de la Santé et du Travail, et enfin, les associations de malades”. Il insistera d'ailleurs sur l'importance du sujet retenu, car “non seulement il est d'actualité, mais aussi pour l'intérêt de consommer les génériques pour ne pas obliger la Cnas à débourser l'argent qu'elle n'a pas souvent. Le générique est un médicament efficace”. Justement à propos de l'efficacité des génériques, tous les intervenants ont mis l'accès sur la bioéquivalence des copies de médicaments avec les princeps. “Les génériques coûtent moins cher, car les laboratoires qui les fabriquent n'ont pas engagé d'argent pour la recherche”, a tenu à préciser le ministre du Travail. Pourtant, certaines voix tiennent à attirer l'attention des pouvoirs publics sur les dangers de certains génériques qui contiennent des principes actifs de mauvaise qualité et qui n'ont aucun effet thérapeutique. “L'Algérie doit se doter d'un laboratoire de bioéquivalence pour pouvoir contrôler le devenir du médicament une fois consommé par le malade”, tient à préciser un pharmacien. La politique d'ouverture du marché du médicament inquiète les industriels locaux qui s'estiment clouer au pilori, car après avoir réalisé des unités de production, ils sont concurrencés par des produits importés. “Nous réclamons des mesures pour protéger les unités de fabrication”, souhaite M. Boudiba, P-DG des laboratoires Théracia. Saïd Ibrahim