Le mouvement de protestation, d'une durée de trois jours, a pris effet hier. Okba, Emir-Abdelkader, El-Idrissi, Racim, Abane-Ramdane, Pasteur… Sur les 108 établissements d'enseignement secondaire de la capitale, 75% étaient, hier, en grève. Dans certaines circonscriptions, à l'instar de Bab-El-Oued et d'Alger-Centre, le taux de suivi a atteint 100%. Ce premier bilan, établi durant la première journée de débrayage, est appelé à se renforcer aujourd'hui et demain, estiment les initiateurs du mouvement. En effet, la coordination des professeurs de l'enseignement secondaire (PES) de la capitale, qui a lancé cette action de trois jours, compte sur la totale adhésion du collectif pour faire pression sur les pouvoirs publics. Pour cause, la colère gronde et les revendications sont multiples. Outre la majoration de leurs salaires à hauteur de 100% sur la base d'un relèvement de l'indice indiciaire, les PES réclament la révision de l'âge de départ à la retraite en le fixant à 25 ans d'années de service. Par ailleurs, ils exigent la levée du gel des postes budgétaires afin d'en finir avec le système précaire de la contractualisation. “On a fait des enseignants des nomades”, dénonce M. Osmane, l'un des membres de la coordination. Rencontré au lycée Emir-Abdelkader, ce syndicaliste dénonce le traitement très humiliant dont font l'objet les professeurs de lycées. “Chacun de nous a, au moins, une licence. Or, nous sommes amoindris et traités sur un pied d'égalité que nos collègues du moyen et du primaire”. Exigeant une spécificité dans la représentation syndicale pour les PES, notre interlocuteur appelle à la création d'une sorte de confédération où les enseignants de chaque palier exprimeront leurs propres préoccupations. Cependant, du côté de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (la FNTE-UGTA), ce genre de propositions n'enchantent guère la direction nationale. La grève des lycées également. “Cette grève leur déplaît”, confie M. Osmane. Il révèle que des responsables de l'union de la wilaya d'Alger ont distribué des tracts dissuadant les enseignants d'adhérer au mouvement de contestation. “Nous ne cherchons pas à nous faire des ennemis au sein de la fédération, mais que ses responsables apprennent à écouter la base et faire écho de ses doléances”, explique M. Osmane. Il illustre l'absence de la tutelle syndicale par les cas de grève à Sétif et à Bordj Bou-Arréridj qui ont abouti, après plusieurs semaines, à une situation de pourrissement. Notre interlocuteur évoque, en outre, les mouvements de protestation qui ont secoué tour à tour une vingtaine de wilayas ces derniers mois, sans que la direction nationale de la FNTE lève le petit doigt pour appeler les autorités à agir. Outre la FNTE, il est à noter qu'une organisation rivale, à savoir le Syndicat national des travailleurs de l'éducation, a appelé les enseignants à se désolidariser de la grève de la coordination des lycées d'Alger. De toute vraisemblance, son appel n'a pas eu un grand écho. A 10 heures hier, la plupart des établissements du secondaire de la capitale ont fermé leurs portes. Cependant, un hic : les élèves, dans leur grande majorité, ne savaient pas que leurs professeurs avaient “fait l'école buissonnière”. D'autres, au courant, contestent cette action qui intervient à la veille des compositions. Alors que certains solidaires comprennent parfaitement les motivations des grévistes. Au lycée Emir-Abdelkader, un enseignant expose l'une d'elle et non des moindres : “Il m'est arrivé de faire cours dans une classe forte de 75 élèves. Par manque d'espace, on a utilisé l'amphithéâtre”. S. L.