Parallèlement aux cérémonies commémoratives organisées par les autorités locales, le 61e anniversaire du 8 Mai 45 a été célébré à Oran par un hommage tout particulier aux chirurgiens de l'ALN encore vivants ou tombés au champ d'honneur. Et quel pavillon emblématique de l'hôpital pouvait réunir les anciens mieux que le pavillon 10 baptisé en 1962 du nom de Aït Idir Ali ? Né en 1926, le Dr Aït Idir Ali a été chirurgien dans l'armée française avec le grade de capitaine. Il désertera en 1956 pour rejoindre l'ALN à l'Est. De là, il accompagnera le colonel Amirouche dans la wilaya III où il prendra en charge le service de santé de l'ALN. Il tombera sous les balles de l'ennemi en 1960. C'est précisément en souvenir de son ancien camarade d'armes que le Pr Boudraâ donnera son nom à la clinique chirurgicale du CHU au lendemain de l'Indépendance. Et c'est par un juste retour des choses que ses anciens élèves ont décidé, hier, de donner à leur tour au service de télémédecine le nom de leur maître. Pour que l'évènement ait une dimension nationale, ils ont invité tous les cadres de la santé encore de ce monde qui avaient fermé leurs cabinets et déserté l'université pour rejoindre les rangs de l'ALN. Le Dr Nekkache, premier ministre de la Santé de la jeune République algérienne, le Pr Hamidou — que l'état-major d'Oujda avait envoyé par train à Tlemcen pour être héliporté par le préfet français sur Rocher noir où il fera partie de l'équipe de Abderrahmane Farès en qualité de ministre de la Santé et des Affaires sociales —, le pr Lazreg qui, grâce à ses relations privilégiées avec le président Boumediène, réussira à faire de l'ancienne base d'Es Senia une université dont il sera le recteur et à qui Oran doit la paternité de l'USTO. Le Pr Hemmad, venu spécialement d'Alger, s'est dit ravi de l'hommage à des confrères avant qu'ils ne décèdent. Presque une première. Etaient également invitées pour le souvenir, les deux dernières moudjahidate de 1954, dont l'une est la première femme professeur en sciences islamiques à la medersa El Falah, Blaoui Houari, ainsi que l'épouse du Dr Zirout Amine, un pied-noir de Sétif qui avait pris fait et cause pour les Algériens et qui a été tué par l'armée coloniale. De nombreux praticiens n'ont pu répondre à l'invitation, compte tenu de leur âge avancé et parfois de leur maladie. Le Pr Boudrâa a été le premier maire d'Oran, le premier président d'APW de la wilaya. Il a refusé de se présenter à la députation pour se consacrer à la formation des nouveaux médecins. MUSTAPHA MOHAMMEDI