Un titre de champion d'Europe en 2000 avec la France, un titre de champion d'Afrique en 2004 avec la Tunisie, mais, entre les deux, une désastreuse Coupe du monde de football 2002 avec les Bleus que tentera d'oublier le sélectionneur tunisien Roger Lemerre lors du Mondial-2006. Trois matches, deux défaites, un nul et aucun but marqué : le bilan de la France lors du dernier Mondial en Asie est bien pâle, surtout pour un champion du monde en titre. Et voilà Roger Lemerre, champion d'Europe deux ans auparavant, prié par la Fédération française de faire ses valises. Il les posera de l'autre côté de la Méditerranée, à Tunis. Si les titres continentaux semblent lui sourire, l'ancien adjoint d'Aimé Jacquet lors du sacre de 1998 connaît donc des fortunes diverses lorsqu'il s'agit d'aller défier le reste du monde, même s'il remporta la Coupe des Confédérations en 2001 avec la France. En Allemagne, Lemerre compte bien prouver à tous qu'il faut désormais compter avec les Aigles de Carthage. Et la déculottée asiatique de 2002 pourrait bien avoir dopé le technicien. “Comme tout le monde, je me sens mieux en vainqueur qu'en perdant, mais parfois la défaite peut vous faire revenir encore plus fort”, souffle le coach tunisien, comme pour faire trembler ses adversaires du groupe H : l'Espagne, l'Ukraine et l'Arabie Saoudite. Depuis la victoire lors de la Coupe d'Afrique des nations à domicile, la Tunisie en a fait son héros. Un costume un peu large pour ce Normand de 64 ans : “Je ne me vois pas en faiseur de miracles, mais plutôt comme un professeur. Si nous réussissons, c'est parce que les joueurs eux-mêmes veulent bien faire”, lance-t-il. Et Lemerre sait qu'il peut s'appuyer sur ses Brésiliens Santos et Clayton, naturalisés tunisiens, mais aussi sur quantité de joueurs évoluant en Europe, comme Karim Hagui (Strasbourg/FRA), Hatem Trabelsi (Ajax Amsterdam/NED), Selim Benachour (Guimaraes/POR), Adel Chedli (Nuremberg/GER) et Heykel Gmamdia (Strasbourg/FRA). Le Français estime que la Tunisie bénéficie pleinement de l'effort consenti par les autorités du pays. Un effort qui pourrait s'avérer payant. “Quand vous voyez comment le Cameroun, le Nigeria et le Sénégal se sont comportés dans le passé, pourquoi une équipe africaine ne remporterait pas une Coupe du monde ? ça va bien finir par arriver”, se risque même le technicien.