Les nouvelles autorités irakiennes ont manifesté leur intention de prendre progressivement la responsabilité de la sécurité dans leur pays meurtri par la violence, ouvrant la voie à une diminution de la présence des forces étrangères. Selon le chef du gouvernement Nouri al-Maliki, qui a fait cette en recevant à Bagdad le Premier ministre britannique Tony Blair, deux provinces du sud chiite, relativement calme, vont passer dès le mois de juin sous la responsabilité des forces irakiennes. Et le mouvement va s'amplifier dans les mois qui vont suivre, faisant passer l'ensemble du pays, à l'exception de Bagdad et probablement de la province occidentale d'Al-Anbar, sous autorité irakienne avant fin 2006. Pour le quotidien londonien, The Guardian, le contingent britannique pourra être ramené de 8 000 à 5 000 hommes et américain de 130 000 à 100 000 à la fin décembre. La réduction des forces étrangères, souhaitée par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, où les opinions publiques sont de plus en plus hostiles à la présence militaire en Irak, représente un véritable défi pour les nouvelles autorités irakiennes. Elle pose la question principale de leur capacité à maintenir l'ordre dans les zones qui seront évacuées par les troupes de la Force multinationale, dans un pays qui est loin de connaître un quelconque reflux de la violence. Vingt et une personnes sont mortes mardi dans des attentats et vingt-deux personnes la veille, au moment où Blair effectuait sa visite surprise dans la capitale irakienne. Le premier ministre irakien n'a pas encore choisi ses ministres pour les postes de sécurité, ceux de l'Intérieur, de la Défense et de la Sécurité nationale, qu'il veut attribuer à des personnalités indépendantes et sans liens avec les milices. Il a sur son bureau les noms de dix candidats, selon des sources parlementaires, mais le choix définitif dépendra des résultats de tractations avec les alliances chiite, sunnite et kurde. Les responsables américains et britanniques restent tout de même prudents sur leur désengagement militaire d'Irak. Le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow répétant que cela dépendrait de la situation sur le terrain. “Ce n'est pas parce que vous avez un gouvernement que vous pouvez dire tout simplement que vous vous retirez. Le président a été très clair : les troupes rentreront quand on n'aura plus besoin d'elles”, a-t-il déclaré après les certitudes du Premier ministre irakien. Cette question sera au centre de la visite de Blair cette semaine à Washington pour des entretiens avec Bush. Bush et son allié devraient ainsi parler des prochaines étapes, a indiqué Snow, confirmant que permanent ou pas le gouvernement irakien doit tenir compte de la feuille de route tracée par Washington. D. B.