Le président américain et le chef du gouvernement irakien se rencontrent aujourd'hui à Amman. Le chef de la Maison-Blanche, George W.Bush, et le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, examinent à Amman, la situation en Irak et les mesures à prendre ou qui peuvent encore être prises, pour restaurer la sécurité dans le pays. De fait, cette rencontre, organisée en Jordanie où devait arriver hier en soirée le président américain, intervient à un moment critique pour l'Irak, submergé par la violence et menacé d'un clash politique. C'est encore le chef du gouvernement irakien qui se trouve en première ligne dans une situation rien moins que confortable du fait de son incapacité à juguler la violence qui lamine le pays d'une part, et d'autre part, par la menace brandie par le puissant chef des chiites radicaux, Moqtada Sadr, de retirer ses ministres du gouvernement d'union, et de quitter le Parlement, où il dispose de 30 députés, dans le cas où M.Maliki persiste à vouloir rencontrer le président américain, George W.Bush. Ce qui était, hier, l'intention de Nouri Al Maliki arrivé le même jour à Amman, où il devait se réunir avec M.Bush dans la soirée d'hier et ce matin. Or, plus que jamais, M.Maliki a besoin du soutien de Moqtada Sadr, dont les milices - qui bénéficieraient de la mansuétude du Premier ministre (qui est chiite)- sont, par ailleurs, accusées d'être derrière les meurtres intercommunautaires et les violences qui agitent le pays et notamment la capitale. De fait, les Américains qui ont soutenu contre vents et marées le Premier ministre irakien, doutent aujourd'hui sérieusement des facultés de M.Maliki d'être toujours l'homme de la situation. Selon le New York Time d'hier, une note de service confidentielle de la Maison-Blanche émet des «doutes quant à la capacité» de Nouri Al-Maliki à «faire face aux violences communautaires». Dans cette note de cinq pages, datée du 8 novembre -qu'il a rédigée après avoir rencontré le chef du gouvernement irakien le 30 octobre à Baghdad-, Stephen Hadley, conseiller à la Sécurité nationale, recommande que Washington «prenne de nouvelles mesures pour renforcer» Nouri Al Maliki, écrit le journal, quelques heures avant la rencontre prévue entre MM.Bush et Maliki. Selon le quotidien new-yorkais, M.Hadley écrit dans sa note de service que «Les intentions (du Premier ministre) semblent bonnes quand il parle avec les Américains (...) Mais la réalité dans les rues de Baghdad laisse à penser que soit Maliki ignore ce qui se passe (...), soit qu'il n'a pas encore les moyens suffisants pour traduire ses bonnes intentions en actes». Convaincu que les Etats-Unis doivent «déterminer» si Maliki «à la fois souhaite et a la capacité de se hisser au-dessus des programmes communautaires promus par d'autres», le conseiller de la Maison-Blanche suggère des mesures allant du «soutien monétaire à des groupes modérés» à l'envoi de «milliers de soldats» en renfort dans la capitale irakienne alors même que l'on parle de plus en plus, sinon du départ du contingent américain, de la réduction du nombre des forces américaines stationnées en Irak. Toutefois, en dépit des erreurs de gestion du problème sécuritaire, l'administration Bush réitère son soutien à M.Maliki comme l'a rappelé, hier à Riga -où George W.Bush participe au sommet de l'Otan- le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, selon lequel les Etats-Unis restent «(...) déterminés à aider le gouvernement Maliki à atteindre ses buts politiques, économiques, diplomatiques et sécuritaires. Nos objectifs et notre souhait d'aider Maliki n'ont pas changé». La réaffirmation du soutien de l'administration Bush à Nouri Al Maliki, quelques heures avant la rencontre de ce dernier avec le président américain, sonne comme un démenti aux rumeurs qui ont circulé ces derniers jours dans les milieux politiques de Washington et en Irak selon lesquelles le sort de M.Maliki serait en balance. Or, la persistance de la violence sur laquelle le gouvernement irakien ne semble plus avoir de prise a fragilisé les capacités, déjà aléatoires, de M.Malilki et de son équipe à endiguer un tant soit peu sa déferlante. L'attentat aux voitures piégées qui a fait plus de 200 morts et près de 300 blessés, jeudi dernier à Sadr City, important quartier chiite de Baghdad, atteste surtout de l'impuissance des forces de sécurité irakiennes et des forces de la coalition à prévenir ces attentats, malgré le sévère quadrillage de Baghdad où plus de trente mille policiers et soldats irakiens, appuyés par des soldats américains, pa-trouillent en permanence dans le cadre du plan de sécurisation de la capitale mis au point en juin dernier par les services de M.Maliki. Mais cela n'a en rien empêché la multiplication des attentats à Baghdad où des centaines de personnes ont été tuées depuis le début de l'année en sus des kidnappings et des exécutions commises quotidiennement par différentes milices et autres brigades de la mort. MM.Bush et Maliki qui doivent donner aujourd'hui une conférence de presse conjointe à Amman, ont du pain sur la planche pour trouver une solution à la violence qui met à mal le devenir de l'Irak.