Les nouvelles autorités irakiennes ont manifesté leur intention de prendre progressivement la responsabilité de la sécurité dans leur pays meurtri par la violence, ouvrant la voie à une diminution de la présence des forces étrangères. Selon le chef du gouvernement, Nouri Al Maliki, qui a fait cette annonce hier en recevant à Baghdad le Premier ministre britannique, Tony Blair, deux provinces du sud chiite, relativement calmes, vont passer dès le mois de juin sous la responsabilité des forces irakiennes. Et le mouvement va s'amplifier dans les mois qui vont suivre, faisant passer l'ensemble du pays, à l'exception de Baghdad et probablement de la province occidentale rebelle d'Al Anbar, sous autorité irakienne avant fin 2006. Mais le quotidien londonien, The Guardian, a donné une autre version du plan de transfert, omettant de signaler l'une des provinces mentionnées par M. Maliki, celle d'Amara, et affirmant que celle de Samawa, ou Mouthanna, ne serait remise aux Irakiens qu'en juillet, avec celle proche de Najaf. « D'autres retraits devraient suivre rapidement d'ici à la fin de l'année », a ajouté le journal, qui précise, dans son édition de mardi, que les « responsables » espèrent que le contingent britannique pourra être ramené de 8000 à 5000 hommes et américain de 130 000 à 100 000 à la fin décembre. La réduction des forces étrangères, souhaitée par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, où les opinions publiques sont de plus en plus hostiles à la présence militaire en Irak, représente un véritable défi pour les nouvelles autorités irakiennes. Elle pose la question principale de leur capacité à maintenir l'ordre dans les zones qui seront évacuées par les troupes de la Force multinationale, dans un pays qui ne connaît pas de reflux de la violence. A signaler que M. Maliki n'a pas encore choisi ses ministres pour les postes de sécurité, ceux de l'Intérieur, de la Défense et de la Sécurité nationale, qu'il veut attribuer à des personnalités indépendantes et sans lien avec les milices. Il a sur son bureau les noms de dix candidats, selon des sources parlementaires, mais le choix définitif dépendra des résultats de tractations avec les alliances chiite, sunnite et kurde. En dépit de longues semaines de tractations, le chef du premier gouvernement permanent de l'après-Saddam Hussein, qui a vu le jour samedi en Irak, n'a pas pu trouver de titulaires à ces postes en raison d'exigences des différents blocs politiques. Il a présenté son gouvernement au Parlement en précisant que les trois portefeuilles seraient assumés provisoirement par lui-même et ses deux vice-présidents. Les responsables américains et britanniques restent prudents sur le désengagement militaire d'Irak, le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, répétant que cela dépendrait de la situation sur le terrain. « Ce n'est pas parce que vous avez un gouvernement que vous pouvez dire tout simplement que vous vous retirez. Le président a été très clair : les troupes rentreront quand on n'aura plus besoin d'elles », a-t-il déclaré lundi.