La guerre est déclarée entre le maître de l'ouvrage, la Direction régionale des travaux publics, la direction de la Sntf et les riverains qui contestent ce projet. Le litige né de la non-conformité du dossier de faisabilité d'un pont de traverse au-dessus de la gare ferroviaire de Souk Ahras, et qui oppose depuis le mois de février 2006 la Direction régionale Sntf de Annaba à l'administration locale, a pris la tournure d'un véritable bras de fer ces derniers jours. La Direction des travaux publics de la wilaya de Souk Ahras a tenté de procéder à l'installation d'une baraque de chantier à l'intérieur de ladite gare contre l'avis des responsables de la Sntf. Ces derniers exigeaient un certain nombre de documents officialisant le projet avant qu'il soit permis à l'entreprise Sapta, à laquelle la réalisation de l'ouvrage a été confiée, de franchir l'enceinte ferroviaire. La tentative de forcing qui s'est déroulée en début d'après-midi de dimanche en présence des forces de l'ordre, requises par le directeur des travaux publics, a provoqué une vive tension sur les lieux. Un spectacle aussi inédit que gratuit qui a été diversement commenté par les habitants de la ville, dont la majorité avoue ne pas savoir de quel type de pont il s'agit et encore moins si l'ouvrage préconisé aidera d'une quelconque manière à résoudre l'épineux problème de la circulation qui se pose à Souk-Ahras. Seuls les résidants du quartier de la gare se sont déclarés résolument contre sa réalisation pour les éventuelles nuisances qu'une telle entreprise est susceptible d'engendrer. Ils ont tenté à deux reprises de faire entendre leurs revendications auprès des autorités locales, en vain. Chaque fois il leur a été signifié que l'intérêt général primait et qu'un retour en arrière est impensable, surtout qu'il a fallu à l'APC de longues et fastidieuses démarches pour convaincre le gouvernement de l'utilité de cet ouvrage. En visite à Souk-Ahras en début d'année, le ministre des Travaux publics avait déclaré qu'une enveloppe initiale de 37 milliards avait été dégagée pour le projet de viaduc. Et c'est paradoxalement depuis que, joignant leurs voix à celles des habitants du quartier de la gare, certains élus ont commencé à émettre des réserves sur la poursuite du projet. Certains maintiennent jusqu'à aujourd'hui qu'il n'en résultera que pagaille et circulation. Les responsables de la SNTF refusent de dire quoi que ce soit sur l'opportunité de cette structure, se limitant à l'aspect technique de la question. Le directeur des infrastructures ferroviaires déclare qu'il est disposé à mettre à disposition des intervenants dans la réalisation du pont viaduc tous les moyens pour peu que le directeur des Travaux publics de Souk-Ahras fournisse le dossier technique complet qui lui a été demandé, conformément à la réglementation en vigueur. La Direction des travaux publics n'est pas en mesure de fournir tous les documents exigés car leur élaboration est encore en cours au niveau du bureau italien auquel l'étude technique de l'ouvrage a été confiée. Alors, pourquoi tant de hâte, surtout lorsqu'on sait que le projet dudit pont a été lancé en 1958 dans le cadre du fameux Plan de Constantine ? A. ALLIA