Une coupure électrique de plusieurs heures sur la quasi-totalité du territoire national. Le fait, a priori invraisemblable, a suscité les pires rumeurs. Pour les infirmer, M. Abdelkrim Benghanem, PDG de la Société nationale de l'électricité et du gaz, Sonelgaz, a organisé, hier, à la mi-journée, une conférence de presse à laquelle de nombreux journalistes ont assisté. Faisant un exposé exhaustif des raisons de la panne, il a de prime abord écarté la thèse du sabotage. “Il n'y a pas eu de sabotage. On peut saboter une ligne, une centrale, comme nous l'avons vécu par le passé, mais de telles actions ne peuvent en aucun cas engendrer un black-out”, a expliqué le conférencier. Selon lui, il s'agit d'un incident technique survenu à la station électrique d'El-Hamma. A 19h05 précisément, une défaillance du poste de gaz de la centrale est signalée. Elle entraîne immédiatement le déclenchement des groupes d'une capacité de 400 mégawatts (MW). Intervenu en période de forte consommation, l'incident provoque l'arrêt de toutes les centrales de production d'électricité du pays — dans trente wilayas. Hormis les régions pétrolières de Hassi R'mel et de Hassi Messaoud, alimentées par leurs propres relais, tout le reste du territoire national est tributaire, pour ses besoins en énergie électrique, d'une solidarité entre les différentes stations de production reliées à un réseau d'interconnexion. “Le réseau est comme une toile d'araignée. Toutes les stations sont liées de façon à ce que chacune puisse solliciter l'autre en cas de besoin”, a expliqué M. Benghanem. A cet égard, il soutiendra que la centrale d'El-Hamma, en panne lundi soir, a tenté de pallier son déficit en puisant l'électricité des autres stations. Or, comme la demande était très forte, elles ont à leur tour disjoncté sous l'effet d'une réaction en chaîne. La panne de courant a duré trois heures. “Pour reprendre le réseau, il fallait le reconstruire progressivement, en le remettant en place ligne par ligne”, a affirmé le patron de Sonelgaz. Il révélera avoir installé, aussitôt la panne signalée par le centre de dispatching national, une cellule de crise au niveau du siège de la direction générale. “Les ingénieurs qui s'apprêtaient à partir sont retournés à leurs postes. On a mobilisé tous les moyens pour faire face à la situation. Nous avons même envoyé des communiqués de presse à l'APS et aux différentes rédactions pour les informer de l'origine de la panne”, a tenu à préciser l'orateur. Il affirmera toutefois que la lenteur dans le rétablissement du courant électrique dans certaines régions est due à la nature des turbines d'alimentation. “Contrairement aux turbines à gaz, les turbines électriques ne redémarrent pas avant six heures”, a confié M. Benghanem. Néanmoins, il s'est félicité de la célérité avec laquelle son entreprise a réglé la situation. “A minuit, tout le pays était réalimenté”, a-t-il déclaré. N'y avait-il pas un moyen pour éviter le black-out en sollicitant par exemple les voisins ? “Ce n'était pas possible. Nos besoins — 400 MW — étaient bien supérieurs à ce que la Tunisie et le Maroc pouvaient nous donner”, a-t-il répondu. Il a par ailleurs admis que le système de défense en situation de crise n'est pas parfait. “Nous allons le revoir en réunissant et en analysant toutes les données sur ce qui s'est passé”, a promis le directeur général de Sonelgaz. Pour autant, même si l'incident survenu lundi est exceptionnel, il n'exclut pas sa réédition. “Nous avons connu un cas similaire en 1990. D'autres pays comme la France y ont été également confrontés”, a révélé M. Benghanem. Refusant de se prononcer sur l'ampleur des dégâts engendrés par la panne de lundi, il s'est contenté d'affirmer qu'ils sont “incommensurables”. Sur l'origine du black-out, l'animateur de la conférence de presse a déclaré qu'elle sera connue dans deux semaines. A la question de savoir si la faille ne viendrait pas du constructeur de la station d'El-Hamma, il a indiqué qu'“a priori, ce dernier n'est pas en cause”. Enfin, pour le premier responsable de Sonelgaz, l'idéal serait que toutes les centrales électriques soient autonomes. Une telle opération exigerait cependant, selon lui, d'énormes moyens financiers. S. L.