Attendu à Oran pour demain mardi, le président Chirac sera en fait le premier chef d'Etat français à effectuer ainsi une visite dans la capitale de l'Ouest, et cela si l'on excepte le passage du général De Gaulle, en 1958, qui passa une nuit au Grand-hôtel avant de se rendre, à l'époque, à Aïn Témouchent. L'événement est de taille, et depuis un mois, c'est le branle-bas de combat. Les agents des services d'entretien et de la voirie, appuyés par des ouvriers d'entreprises qui ont eu l'aubaine de se voir offrir, dans ce cadre, des marchés, s'activent comme de véritables fourmis, y compris les vendredis ! Ce qui quelque part devrait rassurer sur les capacités des Algériens à “travailler”. De mémoire d'Oranais, le centre-ville n'a jamais était aussi resplendissant, les arcades de la rue Larbi-Ben-M'hidi, les façades des immeubles du Front de mer sont éclatantes de blancheur, les trottoirs des principales avenues sont totalement relookés. Les autorités ont même poussé le luxe à installer de nouveaux bancs publics en fer forgé, jetant probablement au rebut les vieux bancs de marbre. A la place des Victoires où devrait démarrer le bain de foule avec les citoyens d'Oran, l'on n'a pas hésité à abattre un figuier centenaire pour y “planter” à la place une horloge de bronze ! Depuis samedi, c'est une course contre la montre qui est engagée pour que tout soit fin près ce mardi. C'est la chasse à tout ce qui pourrait choquer le regard du chef de l'Etat français : la misère des bidonvilles que l'on a rasés à coup de bulldozer, les murs érigés à la hâte pour cacher les dépotoirs d'ordures... Les Oranais, qui assistent depuis un mois à toute cette débauche d'énergie et d'argent — l'on parle de plus de 100 milliards débloqués pour la réali-sation des travaux d'embellissement—, se croient presque revenus aux années 70 où les mêmes procédés hypocrites “de l'image de l'Algérie” faisaient fonctionner le système. C'est pour cela que sans vouloir se départir de leur légendaire hospitalité, les habitants d'Oran n'ont pas de mots assez durs lorsqu'ils parlent des préparatifs de cette visite. Le président Chirac à Oran c'était avant “el visa”; depuis peu, c'est l'homme qui “tient tête à Bush”, et même si comme il se doit les déclarations politiques sont réservées à la capitale, son allocution, prévue à l'université d'Es-Sénia, n'en sera pas moins suivie avec beaucoup d'intérêt. F. B. SOS-DISPARUS N'A PU APPROCHER CHIRAC Les mères des disparus embarquées Les mères des disparus n'ont pas pu approcher le président français Jacques Chirac, hier, à son passage sur le boulevard Zighoud-Youcef. C'est ce que rapporte le communiqué transmis, hier, à notre rédaction par l'association SOS-Disparus qui indique que “les mères des disparus ont été entraînées de force au commissariat” central à leur arrivée au boulevard Zighoud-Youcef. Le communiqué ajoute que la présidente de l'association, Mme Yous Fatima, a été “insultée et malmenée”, alors que, “cardiaque et diabétique”, la mère d'un disparu a eu un “malaise” après avoir été “bousculée”. R. N.