Jacques Chirac, premier président à réagir au décès du leader palestinien l'a vivement salué en le qualifiant «d'homme de courage et de conviction» Ce n'est pas hasard si le Vieux lion avait demandé d'être soigné en France. Ce pays ne s'est pas jamais départi de sa réputation d'être le havre et le bastion des droits de l'homme. Se défendant d'être un piètre épigone qui marche au pas, la France par la voix de son président Chirac a été le premier pays à rendre hommage au père de la révolution palestinienne. Le traitant avec les honneurs qui sied à son rang de leader refusant de tomber dans la facilité du langage qui ne fait pas le distinguo entre la lutte pour l'indépendance et le terrorisme. Le président français, Jacques Chirac, s'est rendu, jeudi en fin de matinée, à l'hôpital militaire Percy de Clamart, pour rendre un dernier hommage au président palestinien, Yasser Arafat, décédé dans la nuit et présenter ses condoléances à la famille et aux proches du défunt. Il a été accueilli par la déléguée générale de Palestine en France Leila Chahid. Emu, le chef de l'Etat français a eu, juste après l'annonce officielle du décès du président de l'Autorité palestinienne, cette phrase empreinte de respect et de déférence: «Avec Yasser Arafat, disparaît l'homme de courage et de conviction qui a incarné, pendant 40 ans, le combat des Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits nationaux.» De quoi rassurer le peuple palestinien sur le soutien indéfecticle de l'«Ami des Arabes» à sa cause légitime et par la même occasion battre en brèche les supputations des dirigeants israéliens qui croient dur comme fer que la disparition du chef charismatique de l'OLP signe l'isolement et l'affaiblissement de l'Intifada. Jacques Chirac avait rappelé l'engagement de la France et de l'Union européenne en faveur de «deux Etats - un Etat palestinien viable, pacifique et démocratique, et l'Etat d'Israël - vivant côte à côte dans la paix et la sécurité». Il faut souligner qu'en acceptant de prodiguer les soins au chef palestinien en terre hexagonale, le locataire du Palais de l'Elysée n'a pas manqué de provoquer une certaine gêne chez ses partenaires de Jérusalem qui n'ont pas apprécié ce geste. Chirac s'était rendu au chevet du leader palestinien alors qu'il a livré sa dernière bataille contre la mort qui a fini par avoir raison de lui. Yasser Arafat a eu droit avant de s'envoler pour son ultime demeure aux honneurs de la garde républicaine française jeudi dernier à l'aéroport militaire de Villacoublay, en présence de Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre français, avant le transfert de sa dépouille, vers le Caire à bord d'un avion présidentiel. La venue du chef de l'OLP en France avait suscité une polémique à laquelle les hauts dirigeants français ont dû réagir d'une manière péremptoire. Le Quai d'Orsay par la voix de son locataire Michel Barnier, le ministre des Affaires étrangères interrogé au téléphone par la radio Europe 1 au Caire où il se trouvait pour assister aux obsèques de Yasser Arafat, avait fait cette déclaration: «Pourquoi s'étonner que la France, au-delà de toutes les questions politiques, simplement pour une raison humaine, humanitaire ait accueilli, comme il l'a souhaité lui-même, comme l'ont souhaité les dirigeants palestiniens, pour qu'il soit soigné parce qu'il était malade, le président Arafat?» En ajoutant: «Nous l'avons accueilli, a ajouté le ministre, comme nous aurions accueilli tout autre dirigeant ami de la France. C'est en même temps la preuve du lien qui existe depuis longtemps entre le peuple palestinien, ce dirigeant et notre pays.» Le président Chirac s'est rendu à plusieurs reprises au chevet de Yasser Arafat avant et après sa mort. Il s'informait quotidiennement sur son état de santé. Il a été le dernier chef d'Etat à l'avoir vu vivant et le premier à lui rendre hommage après sa mort. Le président français a répondu promptement et sans hésitation dès que les autorités palestiniennes ont sollicité la France pour recevoir le leader palestinien gravement malade. Il a donné immédiatement son accord, en dépêchant à Amman un avion spécial de la présidence pour le transporter dans la capitale française. Mardi dernier, Jacques Chirac a reçu le Premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï, Mahmoud Abbas, qui vient d'être désigné à la tête de l'Organisation de libération de la Palestine et le ministre palestinien des Affaires étrangères. Il leur a fait part de «la solidarité de la France dans l'épreuve difficile qui frappait le peuple palestinien». Jacques Chirac se distingue par l'étroitesse des liens qu'il entretenait avec le président Arafat. Ce dernier «consultait fréquemment celui qu'il appelait affectueusement Docteur Chirac», rapportent ses proches. Il faut dire que le président met un point d'honneur à soutenir le peuple palestinien dans sa quête d'un territoire libéré du joug colonial israélien. Il ne ménage aucun effort pour faire reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien. Il est le seul président européen à s'impliquer franchement et sans tergiversation dans le processus de paix au Proche-Orient. Pour rappel, en octobre 1996, le président, bousculé lors d'une visite officielle à Jérusalem - par les forces de l'ordre israéliennes - est reçu triomphalement, en véritable héros à Ramallah, puis à Gaza, où est inaugurée l'avenue Charles de Gaulle. Le président français par ses positions courageuses envers la cause palestinienne mérite bien d'être à la tête de la terre des droits de l'homme. Cependant dans les jours à venir, il doit s'attendre à ce qu'on lui demande d'être encore plus actif dans son soutien au peuple palestinien qui se trouve actuellement orphelin de son vaillant chef.