Cette rencontre constitue l'ultime étape «diplomatique» avant le début effectif et vraisemblable des hostilités. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Ari Flecher, a beau assurer que le sommet des Açores ne va pas déboucher sur une déclaration de guerre, le monde entier n'en retient pas moins son souffle en attendant les résultats de cet événement décisif à plus d'un titre dans la crise irakienne. Le président américain George W.Bush, le Premier ministre britannique Tony Blair, son homologue espagnol José Maria Aznar et le Premier ministre portugais, José Manuel Durao Barroso, se retrouveront aujourd'hui dans l'île de Terceira, archipel portugais, pour un sommet sur l'Irak présenté par tous les observateurs comme la «dernière étape» de la diplomatie avant le début d'une guerre. Dès hier, la région était placée sous haute surveillance des militaires américains et portugais alors que l'hôpital local d'Angra do Heroismo, placé sous contrôle de médecins américains, sera en état d'alerte maximum jusqu'à la fin du sommet. Le projet de résolution présenté par Washington, Londres et Madrid, qui fixe à l'Irak la date butoir du 17 mars pour prouver sa volonté de désarmer, devrait être au coeur de cette réunion de crise d'une journée. Une partie de la presse britannique y voit un véritable «conseil de guerre». Mais le Premier ministre portugais de même que le porte-parole de la Maison-Blanche ont assuré que ce sommet ne déboucherait pas sur une déclaration de guerre. Le représentant du président Bush, Ari Flecher, n'en a pas moins précisé que ce sommet marquera la «dernière étape» du processus diplomatique. Ce qui sous-entend qu'après cette rencontre, les préparatifs de guerre déboucheront sur un conflit dans un avenir très proche. Washington, Londres et Madrid tentent laborieusement d'obtenir le soutien des Nations unies sur leur projet de résolution, mais ne parviennent pas à rassembler les neuf voix nécessaires à son adoption. Même en cas d'obtention de ce chiffre fatidique, les menaces de veto française et russe rendent impossible toute adoption d'une résolution prévoyant le recours automatique à la force contre l'Irak. L'adoption de cette résolution est pourtant indispensable à Tony Blair, qui fait face à une grave crise politique à cause de sa politique jugée «trop soumise» aux Américains. Le Premier ministre britannique, pour se tirer de cette mauvaise passe, avait promis à son opinion publique et à ses députés travaillistes de ne pas aller vers la guerre sans une résolution onusienne en ce sens. Cet objectif paraît d'autant plus inaccessible que l'Irak redouble les initiatives de bonne volonté, rendant de plus en plus improbable le recours à la force pour désarmer Saddam Hussein. Alors que la destruction des missiles Al Samoud 2 se poursuit à un rythme soutenu, les autorités irakiennes ont remis, hier, à Hans Blix, le chef des inspecteurs onusiens, un rapport de 25 pages sur la destruction des produits neurotoxiques VX. Un rapport similaire doit également être remis aux inspecteurs à propos du bacille de charbon. Le chef de la diplomatie française, qui continue de croire aux «miracles», a espéré, sur les ondes de TV5, que ce sommet permettra d'«avancer sur la voie du désarmement pacifique de l'Irak», cela au moment où huit nouveaux bâtiments de guerre, dont trois sous-marins nucléaires et un croiseur lanceur de missiles, franchissaient le Canal de Suez en direction du Golfe portant l'armada américaine à plusieurs dizaines de navires dont 5 porte-avions.