La récente visite d'Etat de Jacques Chirac en Algérie relance, à nouveau, la bataille autour du contrôle du Maghreb entre la France et les USA. Les pays de la région, notamment l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, figurent toujours dans les agendas des hauts responsables des deux grandes puissances mondiales. Les trois capitales de ces pays connaissent, depuis quelque temps, un ballet diplomatique sans précédent. Les délégations se succèdent. Ce regain d'intérêt manifesté à l'égard des peuples de la rive sud de la méditerranée n'est pas dénué d'arrière-pensées. Les deux géants, la France et les USA, se livrent une “guerre” sur un terrain économique, le temps du colonialisme étant révolu. Entre Chirac et Bush, la course est désormais lancée. L'un veut reconquérir la place — perdue en raison de la subsistance de certains réflexes balayés par l'histoire — de son pays dans une région qu'il connaît mieux que quiconque, l'autre tente de séduire, et même d'impressionner, les populations nord-africaines par un soutien politique et une protection contre les dangers que seul Washington arrive à situer et à identifier. La finalité reste bien évidemment le contrôle du sol, mais surtout du sous-sol, très riche, de ces pays. L'Administration de Bush qui a lancé, récemment, des opérations de charme en direction des trois pays ne désespère pas de les rallier à ses thèses et de minimiser l'effet des accords d'association avec l'union européenne, signés séparément par la Tunisie et le Maroc en 1995 et avec l'Algérie en 2002. La France cherche à intensifier ses investissements en Algérie où elle accuse un grand retard en comparaison avec les USA et ce, même si l'essentiel de l'investissement des USA, est presque réduit au secteur des hydrocarbures. En bonne place en Tunisie, en léger décalage au Maroc, la France mise gros dans la région. Sa position sur la crise irakienne, jugée courageuse par la rue, conforte la nouvelle volonté de Paris. Bien implantés au royaume de Mohamed VI, les USA ne perdent pas de vue l'Algérie qui reste un partenaire important voire même incontournable. Récemment encore, la concertation engagée entre Rabat et Washington sur la création d'une zone de libre-échange n'a pas abouti au résultat souhaité par les marocains. Grande déception dans les milieux politiques et d'affaires du royaume. L'administration américaine aurait décidé de réviser ses calculs et même sa stratégie pour contenir “l'invasion” européenne. Toutefois, la course à la conquête des “marchés” de la région bute sur un handicap majeur : le conflit sahraoui. Cette question a causé une gêne et suscité une certaine prudence chez les partenaires des pays du maghreb. C'est pour cela qu'il y a une concentration des efforts pour le règlement rapide, juste et logique de cette question qui continue à empoisonner les relations bilatérales et même multilatérales au Maghreb, comme sur les scènes régionale et internationale. Une fois le problème sahraoui résolu, la lutte deviendra certainement plus féroce entre l'Europe, en général, la France en particulier et les USA. Affaire à suivre. M. A. O.