La visite du président français en Algérie est présentée comme une occasion pour la refondation des relations entre l'Algérie et la France et pour tourner la page des polémiques, de la méfiance et des tabous. Jacques Chirac prononcera un discours le 3 mars devant les deux chambres du parlement réunies pour cette circonstance au Palais des nations. Pourquoi donc une réunion du Parlement alors que l'invité de l'Algérie pouvait bien s'exprimer, à l'instar des chefs d'Etat qui ont visité le pays, ces derniers mois, devant l'Assemblée nationale ? Selon certaines indiscrétions, la convocation de cette réunion, la deuxième du genre, après celle du 12 mars 2002, répond à des motivations purement protocolaires pour ainsi permettre au président Bouteflika d'accompagner son hôte et suivre l'allocution qu'il prononcera devant les sénateurs et députés ainsi que d'autres cadres de la nation conviés à cette messe politique. Des représentants de la société civile seront également présents, selon le souhait de Chirac. Il est connu dans les traditions en usage que le premier magistrat du pays ne peut “ni assister ni intervenir” dans les deux enceintes du Parlement. C'est donc pour contourner cette “interdiction” qu'il a été fait recours à cette procédure qui offrira à Bouteflika la possibilité de faire un discours. Au niveau algérien, cette visite est considérée importante, voire stratégique. Ce caractère sera mis en exergue par les deux chefs d'Etat lors des entretiens qui seront couronnés par la signature de plusieurs conventions. Certaines sources parlent d'importantes mesures qui seront annoncées par le président français dans divers domaines. Chirac annoncera l'assouplissement des procédures d'octroi de visas aux Algériens et la révision des conditions de leur séjour en France. Sur cette question précisément, les deux pays étudieront, d'une manière approfondie, le dossier de l'émigration. Ce dernier ne fera pas reléguer, et encore moins oublier, les questions liées à la coopération et à l'investissement entre les deux pays. Des sources gouvernementales parlent même de la signature d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France au cours de cette visite. Une manière comme une autre de lui donner une portée hautement politique et stratégique. La question de la dette algérienne sera, une autre fois, discutée au même titre que d'autres thèmes restés en suspens cette dernière décennie, marquée par une “fâcherie diplomatique” entre les deux pays. Le volet international ne sera pas occulté lors des entretiens entre les deux délégations. Le dossier relatif au Sahara occidental prendrait, avancent des sources diplomatiques à Alger, une bonne place dans les discussions entre Bouteflika et Chirac. Le dernier document portant sur les nouvelles propositions de James Baker, au cours de sa tournée dans les pays du Maghreb, en janvier dernier, seront au centre des discussions. Le président français œuvre, dit-on dans les milieux diplomatiques, à rapprocher les vues entre l'Algérie et le Maroc. La crise irakienne sera également au menu des entretiens entre les deux chefs d'Etat. La visite de Jacques Chirac en Algérie va certainement motiver un regain d'intérêt des Etats-Unis pour notre pays. Il faut s'attendre à la venue à Alger d'un haut responsable au niveau de la maison-Blanche. La région du Maghreb, dont principalement l'Algérie, est au centre des convoitises entre la France et les Etats-Unis d'Amérique. Chaque pays tente de contrôler cette espace géostratégique. La guerre de leadership entre les Etats-Unis et la France ne s'arrêtera pas au stade des visites qu'effectuent de hauts responsables dans la région. Il est attendu qu'elle s'accompagne d'un flux d'investissements et d'une intensification du volume des échanges commerciaux. M. A. O.