Lundi 12 juin 2001, après plusieurs mois d'âpres négociations, M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et président-directeur général de la société Sonatrach, lâche enfin le club du Mouloudia d'Alger au profit de l'association El Mouloudia, ou plus exactement – la nuance est de taille — la section football. Un accord de cession est signé entre les deux parties pour une durée de trois ans renouvelable, confiant la gestion de la section football à l'association El Mouloudia à l'époque dirigée par Rachid Marif, ancien chef du protocole à la présidence de la République, actuellement ambassadeur d'Algérie en Italie. La convention qui maintient néanmoins Sonatrach au rang de sponsor majeur de l'équipe (et comment !) est assortie de quelques bons points, à commencer par l'obligation de résultat. C'est-à-dire que si l'équipe est mal gérée Sonatrach a le droit de reprendre la section football sans préavis. En revanche, si bonne gestion il y a, l'association El Mouloudia a le droit de réclamer le reste des sections de ce club sportif, sachant, bien sûr, que réglementairement, il ne pouvait pas y avoir une situation “d'un club dans un club” et qu'à court terme, soit Sonatrach se déleste de tout, soit elle prend en charge toutes les disciplines. De ce point de vue donc, la section football servait en fait de cobaye à une expérience inédite – pour un délai de 3 ans — pas très conforme, du reste, à la législation du sport. Au sein de la JSK ou de l'USMA par exemple, le retour de ces deux clubs dans leur giron familial (anciens joueurs, dirigeants et éventuellement les sponsors), tel qu'arrêté par la loi 91-31 concernant la composante de l'assemblée générale des clubs, ne s'est pas fait d'une manière morcelée mais totale. MM. Allik et Hannachi sont présidents de club sportif et non pas de la section football. C'est dire que l'accord entre Sonatrach et l'association El Mouloudia était biaisé à l'avance et servait beaucoup plus à sauvegarder l'image de marque d'une société à la réputation internationale bien établie. En effet, les actes de vandalisme perpétrés par les supporters du MCA étaient très mal perçus par les dirigeants de l'époque, d'où leur promptitude à se débarrasser d'une section devenue trop encombrante, quitte à bafouer la loi. Tout cela, bien sûr, avec la bénédiction du MJS et de la FAF qui ont donc cautionné une situation illégale et continuent de le faire jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, six ans après les accords de cession, le Mouloudia d'Alger continue de patauger dans une crise latente sans que les responsables de Sonatrach daignent bouger le petit doigt pour en finir avec cette situation de non-droit. Pourtant, la convention signée leur donne le plein droit de revoir justement cet accord de cession dans le cas d'une crise. Tout en préservant les autres disciplines qui jouissent d'avantages considérables, Sonatrach fait la politique de l'autruche vis-à-vis de la section football. “C'est de la non-assistance à un club en danger”, s'exclament les anciens joueurs du Mouloudia qui parlent même d'un “trou” de 11 milliards dans le bilan de la section football, ce qu'a, du reste, confirmé le commissaire aux comptes du club. S. B.