Faisant allusion au double attentat perpétré contre les commissariats de Réghaïa et de Dergana dans la nuit de dimanche à lundi derniers, le Chef du gouvernement estime que le bilan de la réconciliation nationale est “satisfaisant même si des attentats sont commis de temps à autre”. Abdelaziz Belkhadem était l'invité hier de l'émission Tahaoulate de la Chaîne I de la Radio nationale. Son passage intervenait au lendemain du double attentat qui a visé les sièges de la sûreté urbaine de Réghaïa et de Dergana dans la banlieue est d'Alger qui a fait 3 morts et 24 blessés. À ce propos, évitant de commenter les tragiques évènements, le Chef du gouvernement dans une allusion, les a réduits à des faits mineurs, venant altérer les résultats positifs de la réconciliation nationale. Selon lui, “le bilan est satisfaisant même si des attentats sont commis de temps à autre”. Lénifiant, le patron du Front de libération nationale assure que “la situation sécuritaire s'est améliorée et la politique de réconciliation nationale a fait beaucoup diminuer la violence”. À ses yeux, les redditions — même si sur ce plan, le bilan n'est guère reluisant — sont la preuve incontestable de ce succès. “Chaque arme déposée équivaut à moins de nuisances pour les citoyens”, soutient le chef de l'Exécutif. Aussi, encourage-t-il, les terroristes encore en activité à se rendre. “Toute nouvelle reddition est la bienvenue”, clame-t-il. Par cette déclaration, M. Belkhadem, encore une fois, suggère la prorogation du délai (31 août dernier) accordé aux éléments des groupes armés pour déposer les armes. Bien qu'il ait refusé de répondre avec exactitude, il a exprimé son opinion en estimant que “la réconciliation est une philosophie, une qualité morale qui ne peut pas être limitée dans le temps”. Si le climat sécuritaire ne lui inspire aucune inquiétude, il en est autrement de la hausse de la criminalité. “La violence augmente et change de nature”, note le Chef du gouvernement. “Nous voyons l'apparition de crimes inconnus jusque-là en Algérie comme les enlèvements avec demande de rançon, les vols de téléphones portables, la contrefaçon de monnaie et de documents, le trafic de drogue”. Afin de venir à bout de ces fléaux, M. Belkhadem compte sur l'augmentation des effectifs de la police et de la gendarmerie. Il évoquera à ce sujet l'achèvement du dispositif de lutte notamment par l'adoption des textes d'application des lois relatives à la lutte contre le banditisme et la corruption. Il justifiera, par ailleurs, les retards enregistrés dans le traitement de l'affaire Khalifa par “la complexité de la situation” conduisant ainsi à accorder plus de temps aux juges d'instruction. Il a affirmé que l'affaire est inscrite pour les prochaines séances des tribunaux. Quant à l'hypothèse de l'implication de responsables de l'Etat, le Chef du gouvernement a indiqué qu'il faut “laisser à la justice le temps de mener ses investigations, sachant que nul n'est au-dessus de la loi”. En outre, il soutient le projet de police de proximité, dévoilé par le directeur général de la Sûreté nationale qui est, entre autres, un élément de l'orientation du Président pour doter les corps de sécurité de moyens pour lutter contre le crime et la violence. Au chapitre politique, le Chef du gouvernement est revenu sur l'amendement de la Constitution. Ce projet défendu par le FLN sera soumis à un référendum dont la tenue est programmée avant la fin de l'année, rappelle M. Belkhadem sans révéler de date précise. Il indiquera simplement que “le président de la République a des priorités”. En revanche, il s'est attardé sur les revendications de son parti concernant les amendements. “Le FLN est pour un régime présidentiel avec des prérogatives claires et nettes”. Par la même occasion, il a dénoncé “la dualité à la tête du pouvoir exécutif” et l'existence de deux niveaux de décision, aux conseils des ministres et du gouvernement. Dans la perspective des prochaines élections législatives et locales, il a appelé à “élargir la concertation avec les parties désireuses de participer à cette opération ou de l'accompagner”. Il a invité les partis et les candidats à assister à toutes les étapes de l'opération. Sur le chapitre économie, le Chef du gouvernement a indiqué que le taux de croissance de l'économie nationale hors pétrole et gaz a atteint “un taux très appréciable” au 1er semestre de l'année en cours, précisant que le volume des exportations en hydrocarbures pour la même période “a diminué en volume et non en valeur”. “Au vu de la valeur absolue des revenus des exportations de pétrole et de gaz, nous pourrions atteindre à la fin de l'année en cours, 52 milliards de dollars”, a-t-il ajouté, soulignant que “le volume de ces exportations a diminué de manière à influer sur le PNB”. Cette diminution, a précisé Belkhadem, “peut être évaluée positivement ou négativement car elle permet d'une part, de préserver les ressources du sous-sol dans le cas où le besoin en liquidité ne se fait pas sentir, mais elle a des répercussions sur le taux de croissance pour l'économie nationale”. S. Lokmane