La sonnette d'alarme est tirée sur une calamité écologique qui menace la baie de Collo. La pollution, ce mal des cités industrielles et développées, frappe paradoxalement la région la moins prospère du nord du pays. L'association écologique El Manara de Collo tire, encore une fois, la sonnette d'alarme et interpelle la direction de l'environnement de la wilaya de Skikda pour attirer l'attention sur l'hécatombe qui frappe les espèces vivantes au niveau de l'oued Cherka de Collo. En effet, le fléau de la mort des poissons de cette rivière, jadis claire et limpide, s'est reproduit récemment, comme ce fut le cas durant les années 2002 et 2004. L'oued Cherka, d'une longueur de 2 à 3 km, d'une largeur de 4 à 12 m d'amont en aval, de 5 m de profondeur, est d'une salinité variable qui permet un peuplement de plusieurs espèces de poisson. Selon ammi Hocine, un ancien pêcheur qui a fréquenté assidûment cette rivière durant sa longue carrière d'enseignant au niveau de l'institut de pêche de Collo, l'oued Cherka est peuplé d'une riche variété d'ichtyfaune, principalement loups, mulets, anguilles et plusieurs autres poissons en petites quantités comme la daurade et le barbeau. Il lui est même arrivé de pêcher un loup de 5, 2 kg. Hélas, il nous signalera que la pêche y est interdite et le poisson meurt de vieillesse. Son ouverture permet des prises quotidiennes d'une moyenne de 200 kg par jour, ce qui peut faire vivre une trentaine de personnes, nous expliquera ammi Hocine. La situation de cette rivière est actuellement dramatique. Son embouchure qui donne sur la plage de Talèza est obstruée et une couche végétale verdâtre couvre la surface de l'eau. Les poissons en sont prisonniers et manquent terriblement d'oxygène d'où le nombre important qui dépérit et qui, à leur tour, pollue cette eau agressée, en outre, par les diverses déjections de déchets liquides et solides influant directement sur l'écosystème. Cette association, fortement présente dans la vie écologique de Collo, souhaite que les autorités locales daignent intervenir pour débarrasser l'embouchure des déblais qui l'obstruent afin que l'eau de rivière communique avec l'eau de mer. En attendant que les autorités concernées consentent à procéder aux analyses nécessaires, pour déterminer les causes de la mort d'un grand nombre de poissons et, éventuellement, donner une explication sur l'occurrence répétée de ce phénomène qui met en danger la vie aquatique et marine dans cette région, l'association ne reste pas les bras croisés. Elle dénonce l'inertie des autorités concernées quant aux cris de détresse qu'elle ne cesse de lancer depuis 2002, date de la première apparition de ce phénomène. A. Boukarine