Entamés dès janvier 2005, les travaux de construction du barrage devaient s'étaler sur 24 mois. L'ouvrage devrait être livré au premier trimestre de l'an prochain. La visite guidée qu'ont effectuée, avant-hier, des cadres techniques de cinq entreprises — française, espagnole, italienne et turque — réputées pour leur spécialisation dans la construction des grands ouvrages hydrauliques, sur le site du chantier à l'abandon du principal ouvrage composant le projet MAO de desserte de la métropole régionale d'Oran, en eau potable, a certainement ravivé l'espoir des responsables du département ministériel des Ressources en eau mais surtout ceux de l'Agence nationale des barrages et des transferts (Anbt), de revoir, enfin, le grandiose projet relancé. Sur site, à Oued El Kheir, commune de la wilaya de Mostaganem, qui abritera le barrage de récupération des crues du plus grand fleuve d'Algérie, les hôtes ont eu d'amples explications sur la nature du projet, la géologie du terrain, la qualité des agrégats à utiliser et sur le retard pris dans la réalisation de l'ouvrage. À l'Anbt, on s'attend vivement aux offres que pourraient bien avancer ces entreprises étrangères pour l'achèvement des travaux concernant le premier lot déterminant pour le MAO. Ce qui est sûr, c'est qu'il faudra au moins deux autres longues années avant que l'eau du Chelif, dont les crues seront mises à profit, coule dans les robinets oranais. Le retard qu'accuse le projet, d'une importance stratégique majeure, n'a que trop duré. Un retard qui, quels que soient les griefs avancés, ne sera pas du goût de la population à approvisionner et, encore moins, celui du président de la République. Le retard consommé frôlant les deux années, voilà qu'un différé de deux autres années de l'échéance de livraison se profile déjà. C'est dire ô combien les propositions de ces entreprises prétendantes au marché seront salutaires pour de nombreux responsables ! Aux “torts exclusifs du contractant”, on sait que l'Agence nationale des barrages et transferts (Anbt) a résilié, au mois de septembre dernier, le contrat relatif aux études d'exécution et à la construction du barrage de dérivation du Cheliff et du circuit hydraulique allant avec. Un barrage de dérivation devant capter le quart des eaux du Cheliff et qui demeure l'ouvrage principal dans le projet de transfert de l'eau du fleuve vers la capitale de l'ouest du pays. La réalisation de cette partie du MAO, constituant le premier lot du projet marché, a été confiée à un consortium germano-turc. En sus, l'entreprise turque avait la charge de construire la station de traitement des eaux mobilisées. Entamés dès janvier 2005, les travaux de construction du barrage devaient s'étaler sur 24 mois. Autrement dit, l'ouvrage devrait être livré durant le premier trimestre de l'an prochain. Mais pour des raisons qui demeurent inexpliquées, l'entreprise allemande associée accumula les retards. Au grand dam de l'Anbt qui ne manquera pas de notifier sa désapprobation par plusieurs mises en demeure. Des mises en demeure restées sans suite qui justifieront la résiliation unilatérale du contrat par l'Agence. Le divorce est consommé par une ultime correspondance datée du 26 juillet dernier. Pourtant, il s'agissait d'un marché qui dépassait les 100 millions d'euros, soit quelque 8 milliards de dinars. Après obtention de l'aval de la Commission nationale des marchés, en date du 20 décembre 2004, l'entreprise allemande s'est engagée à respecter les 24 mois fixés comme délai de réalisation. Ainsi, se doit-on de livrer l'ouvrage en janvier 2007 au plus tard. Ce barrage de dérivation, appelé à récupérer et traiter plus de 150 millions de mètres cubes/an des eaux fluviales, conditionne l'ensemble du projet MAO. En plus de l'alimentation des agglomérations situées de part et d'autres et sur le couloir de passage de la canalisation d'acheminement de l'eau, il permettra une rapide réaffectation d'un important volume d'eau vers les régions de Tlemcen, Aïn Témouchent et Sidi Bel-Abbès. Son impact sur l'agriculture, qui consomme de plus en plus des réserves hydriques du pays et l'alimentation urbaine et industrielle d'une grande partie de l'Oranie, est indéniable. Inscrit comme axe cardinal dans la stratégie nationale de mobilisation des eaux de surface, les pouvoirs publics y attachent un grand intérêt. Tant bien que mal, les deux autres lots du projet, le barrage de stockage de Kerrada et son circuit hydraulique, l'adduction de l'eau sur une longueur de près de 100 km et la station de traitement évoluent selon un “timide” taux d'avancement des travaux. M.O.T.