Les réserves du président libanais Emile Lahoud, à propos de la création d'un tribunal international sur l'assassinat de l'ex-dirigeant Rafic Hariri, ont provoqué une tempête politique accentuant la campagne visant à faire chuter le gouvernement. M. Lahoud, dont le chef de la garde présidentielle croupit en prison depuis un an, soupçonné d'avoir trempé dans l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005, a suscité un tollé général. Même l'ancien Premier ministre Salim Hoss, qui réclame comme le Hezbollah chiite, soutenu par Téhéran et Damas et des personnalités prosyriennes, le remplacement du gouvernement de Fouad Siniora par un cabinet d'union nationale, a manifesté son désaccord avec M. Lahoud. “Le président Lahoud a commis une erreur en faisant part de ses objections sur le tribunal avant d'en discuter avec le Premier ministre. (…) Il ne peut refuser la création d'un tribunal international, dont le principe est accepté par le Conseil de sécurité de l'ONU et le gouvernement libanais”, a déclaré M. Hoss. La presse a estimé hier que M. Lahoud voulait “torpiller” la formation du tribunal. As-Safir, pourtant proche de Damas, a lancé : “Lahoud affronte le monde entier : Non au tribunal international”. M. Lahoud, connu pour son aversion pour Rafic Hariri, a contesté lundi sa mise à l'écart dans la procédure de création du tribunal international, estimant qu'il lui revenait, selon la Constitution, d'en négocier les termes avec l'ONU. Le gouvernement libanais a adopté en décembre 2005, lors d'un conseil des ministres présidé par M. Lahoud, le principe d'un “tribunal à caractère international” pour juger les assassins de Rafic Hariri sous l'égide de l'ONU qui enquête sur cet “attentat terroriste” en vertu de la résolution 1595.