Audition n Le président libanais Emile Lahoud a été entendu, hier, par la commission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri, a indiqué ce matin un communiqué de la présidence de la République. «Le président Emile Lahoud a reçu vendredi à 17h (heure locale) deux membres de la commission d'enquête internationale (...) qu'il a mis au courant des données vraies et précises concernant des appels téléphoniques reçus par la présidence de la République avant le crime hideux», déclare le communiqué. C'est la première fois que le président Lahoud est entendu par la commission dirigée par le magistrat allemand Detlev Mehlis sur l'assassinat de Rafic Hariri, tué dans un attentat à l'explosif le 14 février à Beyrouth. Des télévisions privées libanaises, dont Future TV, chaîne appartenant à la famille Hariri, avait fait état, dès hier soir, de la rencontre entre M. Lahoud et la commission d'enquête. Selon des journaux parus aujourd?hui, M. Lahoud a été entendu «pendant six heures» en tant que «témoin». Le porte-parole de la présidence Rafic Chalala a affirmé que la «rencontre entre M. Lahoud et la commission s'est faite à la demande du président désireux de clarifier notamment ce qui est relatif aux appels téléphoniques». «M. Lahoud avait demandé en octobre à M. Melhis qu'il soit entendu par la commission qui lui a répondu positivement il y a une semaine», a ajouté M. Chalala. Le nom de M. Lahoud a été cité dans un rapport d'étape rendu public le 20 octobre par la commission créée par le Conseil de sécurité de l'ONU en vertu de la résolution 1595. La commission d'enquête a établi que le frère d'un suspect clef avait joint M. Lahoud sur son téléphone quelques minutes avant l'explosion fatale du 14 février. M. Chalala avait démenti au lendemain du rapport de M. Melhis que M. Lahoud aurait répondu à cet appel téléphonique. «Un appel a été enregistré sur un des portables en service à la présidence de la République (..) mais cet appel ne s'est pas fait avec le président», avait alors précisé M. Chalala. Le suspect clef en question est Ahmad Abdel-Al, «membre éminent d'Al-Ahbache», Association des projets de bienfaisance, groupe libanais ayant des liens historiques forts avec les autorités syriennes et la présidence libanaise. M. Abdel-Al et son frère Mahmoud ont été mis en examen par la suite par la justice libanaise dans le cadre de l'enquête qu'elle mène conjointement avec la commission de l'ONU. Le troisième frère est membre de la garde présidentielle.