Résumé : Youcef est affamé. Il accepte la nourriture de l'asile ; deux infirmiers le surveillent du coin de l'œil. Inconfortablement installé, je n'arrivais pas à me rendormir. Au petit matin, un psychiatre vient m'ausculter. Il me prend la température, compte mes battements cardiaques et note toutes mes réactions sur un calepin. Il m'adresse un sourire chaleureux. Cet homme était d'une douceur ! Une véritable oasis dans un désert d'incompréhension. - Comment t'appelles-tu ? - Youcef… - Quel âge as-tu ? - 35 ans. - Niveau d'études, profession, adresse, distractions. L'homme ne cessait de poser des questions auxquelles je répondais sans hésitation aucune. Il se lève alors et se met à arpenter la pièce en suçant le bout de son crayon et en me regardant intensément. - J'ai l'impression, jeune homme, que tu as toutes tes facultés mentales. - Je ne suis pas fou docteur, ripostais-je. Je suis victime d'un complot. - Pourtant, votre dossier médical atteste du contraire. - Lequel ? Quel dossier ? - Votre dossier médical ! Celui qui nous a été envoyé par votre médecin traitant, le docteur Ghilless. - Je ne connais pas ce médecin. - Et pourtant, il prétend vous avoir déjà traité, Youcef. Avec des détails, on ne peut plus précis sur votre état et pour notre profession. - Je ne connais pas ce médecin, docteur. J'ai sombré dans la mélancolie à la mort de mes parents, j'ai frôlé certes une dépression, mais j'ai pu reprendre pied. - Qu'est-ce qui explique alors ces crises agressives ? - Je ne suis pas agressif de nature, docteur, mais voilà, il m'est arrivé une aventure qui n'arrive qu'aux gens naïfs comme moi. Le médecin s'assoit au bord de mon lit et tire une cigarette de sa poche avant de me demander : - Quel genre d'aventure ? Voulez-vous me narrer tout ça ? Je fais un geste pour dégager la fumée de mon visage et je lui raconte tout ce que j'ai subi comme déboires depuis mon retour de l'étranger. Il m'écouta calmement et à la fin du récit hocha la tête. - J'aimerai croire à votre histoire, Youcef, mais cela me paraît réellement extraordinaire. - Vous n'avez qu'à interroger mes anciens employés, ils pourront vous renseigner sur mon compte. Y. H. (À suivre)