Résumé : Un psychiatre vient interroger Youcef qui lui narre ses déboires. Il semble croire à son histoire, mais il ne pourra rien faire. Le médecin hoche la tête et ébauche un sourire. - Vous pouvez toujours prendre un avocat pour de telle choses, moi, je ne peux rien entreprendre de tel, je ne suis qu'un psychiatre, un médecin qui vous a dans son service. - Mais je ne suis pas fou. Vous n'avez rien à traiter… - Oui, je sais… (il sourit et me caresse les cheveux). La plupart de mes malades disent ça. Mais, c'est bien Youcef, vous semblez avoir une imagination fertile. On dit que c'est un bon signe chez les malades mentaux. - Je ne suis pas malade, docteur, je ne suis pas malade. Le médecin se lève. Je commençais à m'agiter… Il me tapote l'épaule et me rassure. - Je reviendrai une autre fois et on en rediscutera. - Mais je ne peux pas rester ici. - Où voulez-vous aller, Youcef ? - Chez moi, chez moi… - Vous voulez dire chez votre cousin, celui que vous avez agressé avec sa fille ? - Je ne l'ai pas agressé, c'est lui qui m'a provoqué, quant à sa fille, je ne l'ai même pas vu. - Pourtant cela s'est passé hier chez lui. - Chez moi… C'est lui qui habite chez moi, et non pas moi qui habite chez lui. Des larmes me piquaient les yeux, la rage me consumait… On avait cru à tous les propos débités par ce cousin. J'étais voué à la folie… Non, je ne pouvais accepter une telle chose. Le médecin sortit et aussitôt un infirmier vint m'injecter encore une fois quelque chose dans les veines. J'étais assommé pour une bonne journée. Des cris me réveillèrent. Il faisait nuit et j'entendais quelqu'un criait à tue-tête et lancer des obscénités. C'était le voisin de la cellule à côté. Un homme interné lui aussi. Il faut dire que même le moins fous des “patients” de cet asile, finit toujours par sombrer. Les traitements qu'on leur infligeait étaient inhumains et les médicaments les abrutissaient. Une véritable thérapie d'enfer. Je restais durant deux jours sans bouger de mon coin. Les maigres repas qu'on servait étaient immangeables et je me contentais de grignoter juste les croûtons de pain et de boire cette eau saumâtre qu'on nous rationnait à la louchée. Y. H. (À suivre)